• August Wilhelm von Schlegel to Anne Louise Germaine de Staël-Holstein

  • Place of Dispatch: Burgau (Schweiz) · Place of Destination: Unknown · Date: 26.06.1811
Edition Status: Single collated printed full text without registry labelling not including a registry
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Anne Louise Germaine de Staël-Holstein
  • Place of Dispatch: Burgau (Schweiz)
  • Place of Destination: Unknown
  • Date: 26.06.1811
    Printed Text
  • Bibliography: Pange, Pauline de: Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’apres des documents inédits. Paris 1938, S. 294‒295.
  • Incipit: „Burgau [Vendredi 26 juin 1811].
    Je continue mon voyage par le tems le plus déplorable qu’il est possible d’imaginer. Il faut vraiment [...]“
    Language
  • French
Burgau [Vendredi 26 juin 1811].
Je continue mon voyage par le tems le plus déplorable quil est possible dimaginer. Il faut vraiment du guignon pour cela dans cette saison-ci. En général jusquici je nai pas voyagé pour étendre mes connoissances, ni pour jouir des objets. Je nai pas voulu donner une heure à la chute du Rhin, je me suis contenté de découvrir du haut du grand chemin une partie de ce superbe chaos de vagues. Javois une envie presque invincible daller à la grande église à Ulm, pour y revoir certains prophètes et sybilles taillés en bois par un ancien maître, mais je nai pas voulu marrêter.
Jaurois été fort curieux de voir le Comte de Zeppelin chez qui jai dîné à Paris. Depuis, dambassadeur quil étoit, il est devenu Ministre dEtat, ensuite Landvogt ou Gouverneur à Ulm et il alloit être déplacé. On ly regrette beaucoup, à ce quon ma assuré. Ma connoissance avec lui est trop légère pour aller le trouver en voyageur de grand matin.
Jarriverai ce soir à A[ugsbourg] et je continuerai pendant la nuit et je serai demain dans la matinée à Munich. Je suis heureux davoir pris une calèche de voiturier; dans une chaise de poste à demi-couverte jaurois été mouillé jusquaux os.
Jai trouvé partout les routes fort bien entretenues. On traverse le Badois sans que personne ne vous dise ni ne vous demande rien, et le territoire badois a été fort agrandi de ce côté: tout ce qui étoit wurtembergeois autrefois y a été ajouté. Il en est autrement dans le Wurtembergeois; à Mengen, la première poste du Wurtemberg, le maître de poste ma demandé mon passeport pour le faire viser par le bailli. Je ne sais pas comment on fait en passant de nuit, s’il faut attendre ou si le pauvre bailli doit se lever. A chaque poste le maître de poste vous présente un livret dans lequel on inscrit son nom et la station doù lon vient et où lon va. A Ulm il a fallu envoyer mon passeport à la police, qui la visé et gardé jusquà mon départ. On a demandé encore de le voir à la poste en sortant. Mais tout cela ne sont que des formalités minutieuses, je nai eu besoin de me présenter moi-même. Cela fait seulement perdre quelque tems au voyageur.
Je me suis servi de mon passeport suisse pour voir sil étoit parfaitement bon sans la signature de M. Falk que javois négligé de me faire donner et jai vu quon avoit eu tort de me dire quil le falloit.
Pour notre ami qui aime les contrées montueuses, je me suis informé de la route dInspruck. Elle passe par Zurich et St-Gall à Feldkirch: de Zurich jusquà cette dernière ville ce sont deux journées de voiturier; à Feldkirch on trouve la poste, on passe le Arlberg qui ne doit pas être une montagne fort rude. Il y a 10 postes jusquà Inspruck. Je crois que se trouvant à Coire, il faudroit tout de même faire le détour de Feldkirch.
Burgau [Vendredi 26 juin 1811].
Je continue mon voyage par le tems le plus déplorable quil est possible dimaginer. Il faut vraiment du guignon pour cela dans cette saison-ci. En général jusquici je nai pas voyagé pour étendre mes connoissances, ni pour jouir des objets. Je nai pas voulu donner une heure à la chute du Rhin, je me suis contenté de découvrir du haut du grand chemin une partie de ce superbe chaos de vagues. Javois une envie presque invincible daller à la grande église à Ulm, pour y revoir certains prophètes et sybilles taillés en bois par un ancien maître, mais je nai pas voulu marrêter.
Jaurois été fort curieux de voir le Comte de Zeppelin chez qui jai dîné à Paris. Depuis, dambassadeur quil étoit, il est devenu Ministre dEtat, ensuite Landvogt ou Gouverneur à Ulm et il alloit être déplacé. On ly regrette beaucoup, à ce quon ma assuré. Ma connoissance avec lui est trop légère pour aller le trouver en voyageur de grand matin.
Jarriverai ce soir à A[ugsbourg] et je continuerai pendant la nuit et je serai demain dans la matinée à Munich. Je suis heureux davoir pris une calèche de voiturier; dans une chaise de poste à demi-couverte jaurois été mouillé jusquaux os.
Jai trouvé partout les routes fort bien entretenues. On traverse le Badois sans que personne ne vous dise ni ne vous demande rien, et le territoire badois a été fort agrandi de ce côté: tout ce qui étoit wurtembergeois autrefois y a été ajouté. Il en est autrement dans le Wurtembergeois; à Mengen, la première poste du Wurtemberg, le maître de poste ma demandé mon passeport pour le faire viser par le bailli. Je ne sais pas comment on fait en passant de nuit, s’il faut attendre ou si le pauvre bailli doit se lever. A chaque poste le maître de poste vous présente un livret dans lequel on inscrit son nom et la station doù lon vient et où lon va. A Ulm il a fallu envoyer mon passeport à la police, qui la visé et gardé jusquà mon départ. On a demandé encore de le voir à la poste en sortant. Mais tout cela ne sont que des formalités minutieuses, je nai eu besoin de me présenter moi-même. Cela fait seulement perdre quelque tems au voyageur.
Je me suis servi de mon passeport suisse pour voir sil étoit parfaitement bon sans la signature de M. Falk que javois négligé de me faire donner et jai vu quon avoit eu tort de me dire quil le falloit.
Pour notre ami qui aime les contrées montueuses, je me suis informé de la route dInspruck. Elle passe par Zurich et St-Gall à Feldkirch: de Zurich jusquà cette dernière ville ce sont deux journées de voiturier; à Feldkirch on trouve la poste, on passe le Arlberg qui ne doit pas être une montagne fort rude. Il y a 10 postes jusquà Inspruck. Je crois que se trouvant à Coire, il faudroit tout de même faire le détour de Feldkirch.
· Übersetzung , 26.06.1811
· Pange, Pauline de: August Wilhelm Schlegel und Frau von Staël. Eine schicksalhafte Begegnung. Nach unveröffentlichten Briefen erzählt von Pauline Gräfin de Pange. Dt. Ausg. von Willy Grabert. Hamburg 1940, S. 225–226.
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