Permettez-moi de déposer aux pieds de Votre Altesse Royale les sentimens dont je suis pénétré, et qu’hier ma confusion et ma timidité m’ont empêchée d’exprimer. La marque d’honneur que Vous avez daigné m’accorder, Monseigneur, est pour moi un gage de mes devoirs futurs. Je mets ma gloire et mon bonheur à servir un grand homme et un grand souverain; j’ai une foi implicite en Votre génie et Votre magnanimité. Je ne crois donc pas pouvoir mieux servir ma patrie, qu’en subordonnant entièrement mes opinions individuelles aux vues vastes et libérales de Votre Altesse Royale. Les grandes choses ne peuvent se faire qu’en partant du centre d’une volonté forte et unique qui doit diriger toutes les actions particulières. Je Vous supplie, Monseigneur, de croire que je ne dis ni n’écris une seule parole sur les affaires publiques, qui ne soit dans le sens de Vos intentions, autant que je puis les deviner. Tout ce que j’ambitionne, c’est que Votre Altesse Royale veuille m’accorder un certain degré de confiance, afin d’être en état de mieux connaître et admirer Ses intentions.
Jusqu’ici je n’ai rien fait encore : plus Votre Altesse Royale voudra m’employer et plus je trouverai dans le travail même la récompense de mon zèle.
Je suis avec le plus profond respect
de Votre Altesse Royale,
Monseigneur,
le très-humble, très-obéissant,
et très-dévoué serviteur
A.W. Schlegel
Stralsund le 24 Mai 1813.