My dear Sir,
J’ai l’honneur de Vous envoyer ci-joint le résumé des dépenses de Votre fils jusqu’à la fin de l’an puisque nous sommes convenus de régler à I’avenir nos comptes de six mois en six mois, en commençant avec l’année. J’y ai ajouté tous les éclaircissemens nécessaires. Vous verrez qu’il me revient une solde de 142 Th, ce qui d’après le Cours actuel fait plus de vingt Livres sterling. Je Vous prie en conséquence de m’autoriser à tirer sur Vous le 1 Juillet prochain £80„ au lieu de £60„, afin de nous mettre à jour. – Votre fils m’a fait voir par un passage de Votre Iettre que Vous lui avez accorde £.8„ pour acheter des livres, et si j’ai bien compris, que Vous avez remis cette somme à Mr Lassen. Nous ne les avons pas encore reçus [sic], parce que le séjour de Mr Lassen à Paris s’est prolongé au-delà de ce qu’il pensoit. Cependant je l’attends sous peu.
Votre fils se porte à merveille, et continue de se conduire et de s’appliquer à ma satisfaction. Il fait des progrès dans [sic] il pourroit en faire encore davantage si sa timidité lui permettoit de causer à table en ma présence. Voyant que les leçons de mathematique à l’école ne suffisoient pas, j’en ai fait reprendre des leçons particulières chez un maître qui a fait ses études à Goettingue et à Paris et que j’ai lieu de croire distingué. Je pense que Votre fils l’automne prochain sera mûr pour l’Université. – Il a grandi un peu; je ne sais pas qu’elle [sic] taille il pourra atteindre, mais je m’efforce de donner [2] à son corps par les exercices gymnastiques qui se continuent toujours, de la vigueur, de l’agilité et une tenue mâle et ferme. Il a commencé I’exercice au sabre, et I’exercice de la danse.
Vous devriez bien, Monsieur, imiter l’exemple de Sir Alexandre Johnston, et venir nous voir l’été prochain. Ce voyage est bien facile, il le sera encore plus, lorsque les bateaux à vapeur seront en pleine activité; et une tournée le long du Rhin Vous feroit certainement plaisir. J’ai été heureux de voir que Sir Alex[andre] et sa famille se plaisoient chez nous.
Lorsque j’étois en Angleterre Vous eûtes la bonté de Vous charger de me faire venir de Calcutta des manuscrits du Bhagavad-Gîtâ avec des commentaires. Mr Lassen me manda, il y a quelque temps, que ces livres devoient être en chemin: n’en avez Vous pas des nouvelles? – Il seroit fort important pour moi d’avoir l’édition de Calcutta du texte de Manu avec le commentaire. Ce livre ne se trouve absolument plus dans la librairie: J’avois donné ordre de me l’acheter dans la vente de la bibliothèque de Mr Langlès, mais il a été vendu à un prix exorbitant. J’ai vu qu’il y avoit un nombre d’exemplaires dans la bibliothèque de la compagnie des Indes, dont personne ne fait ni n’en [sic.] fera usage, surtout après l’édition de Mr Haughton. Si Vous demandiez qu’on Vous en cédât un exemplaire; on ne Vous refuseroit certainement pas, et Vous me rendriez un très-grand service. – Oserois-je aussi Vous rappeler mes questions Indiennes? [3] J’attends avec impatience la continuation des Mémoires de votre Société As[iatique], surtout si elle doit contenir quelque chose de votre main. N’aurons-nous pas bientôt un volume de Calcutta? Et que deviennent les drames que Mr Wilson avoit entrepris? Je n’ai pas pu trouver le loisir de continuer ma bibliothèque Indienne, mais cela ne tardera pas à être fait. – J’ai été très-flatté de la manière loyale dont Mr Haughton a fait usage de mes communications sur son Manu; si vous le voyez, veuillez lui en faire mes remerciemens. Il se trouve que j’ai dans quatre passages rétabli par conjecture la leçon des meilleurs manuscrits. – Mr Lassen me mande qu’il fait imprimer en ce moment aux frais de la Soc[iété] As[iatique] de Paris un traité sur la langue Pali, redigé en commun par lui et Mr Burnouf, le plus capable des élèves de Mr de Chézy. Celui-ci annonce une édition du drame de Sacuntalâ. Nous verrons, s’il exécutera enfin quelque chose. Je vous recommande instamment la réception de mon collegue Mr Freitag [sic] comme membre étranger de votre Société, ainsi que la souscription pour son Hamasa, dont Vous recevrez le Prospectus. [2] C’est un savant laborieux, très-actif dans la littérature arabe. Mr Bopp est actuellement à Londres: si Vous avez quelque livre à m’envoyer, il s’en chargera bien volontiers, et je le recevrai en toute sureté. – Veuillez dire mille amitiés de ma part au digne Dr. Noehden; je fais des voeux pour le retablissement de sa santé.
[1] Recevez, my dear Sir, l’assurance de mon inaltérable amitié et de mes sentimens les plus empressés, et donnez-moi bientôt de Vos nouvelles.
Tout à Vous
A W de Schlegel
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