• Guillaume Favre to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Genf · Place of Destination: Coppet · Date: 09.05.1815
Edition Status: Newly transcribed and labelled; double collated
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Guillaume Favre
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Genf
  • Place of Destination: Coppet
  • Date: 09.05.1815
  • Notations: Absende- und Empfangsort erschlossen.
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: DE-1a-33563
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.8,Nr.21
  • Number of Pages: 5S., hs. m. U.
  • Format: 19,6 x 12,2 cm
  • Incipit: „[1] Votre lettre mʼa fait appercevoir, Monsieur, que jʼaurais oublié de vous envoyer le Dicte Gothique de Junius & je [...]“
    Language
  • French
  • Latin
    Editors
  • Dänekas, Laura
  • Stieglitz, Clara
[1] Votre lettre mʼa fait appercevoir, Monsieur, que jʼaurais oublié de vous envoyer le Dicte Gothique de Junius & je répare maintenant cet oubli. Le second vers que vous cités de Fortunatus, peut sʼappliquer aux batons runiques, mais peut se prendre aussi dans une acception plus générale & signifier quʼune branche dʼarbre peut fournir de quoi se passer de papier, soit par lʼécorce ou le liber, soit en en faisant une tablette. quand même on ne connaitrait pas les batons Runiques, ce vers aurait ègalement un sens très clair.
Je suis bien porté à croire avec vous quʼune partie des peuples Germains ont eu connaissance des Runes. La nation dʼodin qui les porta en Scandinavie, dut avoir des rapports avec les Germains qui alors étaient sur la mer Baltique & le grand empire dʼ
Attila dut établir momentanement de grandes communications entre les habitans de lʼallemagne. Il me semble que lʼécriture est encore nécéssaire à la premiere rédaction de la loi Salique, cʼest peut etre la connaissance de ce bel art qui donna lʼidée de cette rédaction: & je ne sais si ce nʼest pas à cette époque quʼil faut rapporter le peu de verité qui peut etre enveloppè dans ce que Hunnibald & Tritheme ont rapporté des Alphabets Francs inventés par Dorac, Hicho, & Wastbald contemporains de Marcomir & de Pharamond. On dit [2] que Wastbald ècrivit en langue Franque & avec les lettres quʼil avait inventèes. Vossius a pensé quʼil les avait imitèes de celles des Grecs de Marseille. ce qui ferait le pendant dʼUlphilas.
Si les Runes sont venues des pays voisins de la mer Caspienne & quelles se soient repandues en Allemagne vers le tems des Ases; il est bien singulier que les Ostrogoths les eussent tellement oubliées quʼau 4
e siecle il falut inventer dʼautres caracteres pour leur faire lire les Evangiles. Malgré cet oubli prouvé par lʼinvention dʼUlphilas il me parait difficile de croire que la Domination des Ostrogoths en Italie, nʼaît pas facilité aux Italiens la connaissance des usages du Nord et cʼest par ce moyen peut etre quʼils auront eu quelque conn notion des veritables Runes.
Connaissés vous une lettre de
Bembo dans la quelle il felicite Jules II de lʼacquisition dʼun manuscrit en caracteres inintelligibles mais très beaux apportè du pays des Daces.....Il se pourrait que ce Ms. fut en Mæsogothique et peut etre un autre éxemplaire des Evangiles dʼUlphilas.
Jʼai lu avec plaisir les opuscules publiés par
Chezy, ainsi que lʼouvrage de Gley, je connaissais de nom & de tems une partie des monumens francs quʼil expose. Le combat dʼHiltibrat que jʼavais lu dans Eckhart mʼavait frappé lorsque je faisais des recherches sur lʼorigine des Romans de Chevalerie. Je desirerais savoir sʼil est bien constaté par des preuves sans replique que la Ville que les Romanciers allemands appellent Bern, soit Verone en Italie?
Je trouve sur quelques cartes que jʼai ici et qui font à peu
[3] prês toute ma bibliotheque, des notes que jʼavais jadis recueillies dans un ouvrage du Cte Potocki: peut etre vous serviront elles a quelque chose; le voici
Un historien Hongrois connu sous le nom du
notaire du roi Béla raconte quʼil se détermine a écrire son histoirepar ce quʼil etait indécent que la nation Hongroise nʼapprit son origine que par les fables des gens de la Campagne, par les Chants des Amuseurs (Joculatores) et pour ainsi dire en revant.........
Le Duc Arpad (à la fin du 9e siecle) & ses gueriers entrerent dans la Ville dʼAttila, de qui déscendait Arpad & là on fit des festives très gais dans le palais du roi Attila avec des symphonies, des guitares, et des flutes & les Chants des Joculateurs. Voila pr les Jongleurs Hongrois.
Dans le
mème ouvrage du Cte Potocki on trouve des extraits de la Chronique de lʼEveque Polonois Boguphal. Il raconte lʼHistoire de Walther le Fort (Walgersz Wdaly), de sa femme Helgonde & de Wislaus le beau, Prince de Wislicia. Helgonde est fille dʼun roi des Francs, elle avait été promise à un autre, mais Walther lʼenleva & la conduisit dans son Chateau prês de Cracovie.-
Jʼai lu en partie lʼ
ouvrage de Knight que vous avés eu la Complaisance de me preter. Bien des choses mʼont interessé & lʼauteur me parait profondement versé dans son sujet. Je le crois cependant fort systematique & prompt à dédaigner & à traiter de fables tout ce qui pourrait prouver contre son opinion. Il me semble quʼil abuse de son gout pour le Digamma et que son système sur lʼancienne orthographe Grecque est trop absolu. Elle dût varier suivant les [4] regions de la Grece. Il eut été curieux de voir cent vers dʼHomere restitués par Mr Knight. Il sʼappuye trop sur la comparaison avec les langues dʼItalie. Jʼai fait un recueil des plus anciennes Inscriptions grecques depuis le 16e siecles avt J.C. jusquʼau 3e Les premieres ne sont guere que des Copies dʼanciens originaux; mais il parait certain quʼil y en a qui sont antérieures & contemporaines de lʼémigration Ioniene. On nʼy voit pas lʼabondance dʼaspirations que suppose Knight. Je sais bien que dans un autre ouvrage sur lʼAlphabet Grec (en anglais), il voudrait rejetter les inscriptions trouvèes dans le Péloponèse par Fourmont. Au reste je suis loin dʼetre en état de juger, ni même malheuresement de profiter de recherches si transcendentes & je vous demande pardon dʼen parler. Knight me parait éttonant, quand il dit p.58: litteras autem & monetæ cudendæ artem Indos à Græcis sub Macedonum & Parthorum imperiis accepisse probabile est:....... et signa litterarum æquè ac nummorum Indicorum veterum, forma et fabrica, imitationis, Græcorum recentiorum etiam, notas manifestissimas præ se ferunt.!!!.
Mille excuses de ce bavardage.- Je languis dʼaller vous voir, jusquʼà présent des exercices, des Conseils, des santés mʼen ont empeché. Vous aurés appris que lʼ
empereur a voulu voir Simonde.- Son premier Article mʼa paru plus ridicule que tout autre Chose: il annonce de lʼindépendance & promet du Courage pour les suivans.- lʼintention est bonne, mais lʼamour propre & le desir dʼetre actif lʼégare.
tout à vous
Favre
9. Mai 1815.-
[5] Maxima Bibliotheca Patrum T.X.p.569.
-
Venantii Fortunati Carmina.
lib.VII.
Carm.18.
ad Flavum
Ad carum toties mea pergit epistola Flavum
Sic monet officiis sedula cura loqui.
Nunc quoque prosaïco, modo mittens carmina versu
Blandior afflatu debita solvit amor.
Quin tibi pauca ferat, qui vult iter ire viator
nemo mihi tacitè prætereundus abit:
Fœtus amicitiæ te ut pagina sæpè requirit.
Et si vir desit portitor, aura placet.
Attonitis animis ego per vaga nubila prendo,
nullaque suspicio signa relata manu.
An tibi Charta parum peregrina merce rotatur?
Non amor extorquet, quod neque tempus habet?
Scribere quo possis, discingat fascia fagum,
Cortice dicta legi, fit mihi dulce tui.
An tua Romuleum fastidis lingua susurrum
quæso vel Hebraïcis reddito verba
signis notis,
Doctus achæmeniis quæsis præscribito signis,
Aut magis Argolico pange canora Sopho
Barbara fraxineis pingatur runa tabellis,
quodque papyrus agit, virgula plane valet.
Pagina vel redeat perscripta dolatile charta
quod relegi poterit, fructus amantis erit.
-
[6] [leer]
[1] Votre lettre mʼa fait appercevoir, Monsieur, que jʼaurais oublié de vous envoyer le Dicte Gothique de Junius & je répare maintenant cet oubli. Le second vers que vous cités de Fortunatus, peut sʼappliquer aux batons runiques, mais peut se prendre aussi dans une acception plus générale & signifier quʼune branche dʼarbre peut fournir de quoi se passer de papier, soit par lʼécorce ou le liber, soit en en faisant une tablette. quand même on ne connaitrait pas les batons Runiques, ce vers aurait ègalement un sens très clair.
Je suis bien porté à croire avec vous quʼune partie des peuples Germains ont eu connaissance des Runes. La nation dʼodin qui les porta en Scandinavie, dut avoir des rapports avec les Germains qui alors étaient sur la mer Baltique & le grand empire dʼ
Attila dut établir momentanement de grandes communications entre les habitans de lʼallemagne. Il me semble que lʼécriture est encore nécéssaire à la premiere rédaction de la loi Salique, cʼest peut etre la connaissance de ce bel art qui donna lʼidée de cette rédaction: & je ne sais si ce nʼest pas à cette époque quʼil faut rapporter le peu de verité qui peut etre enveloppè dans ce que Hunnibald & Tritheme ont rapporté des Alphabets Francs inventés par Dorac, Hicho, & Wastbald contemporains de Marcomir & de Pharamond. On dit [2] que Wastbald ècrivit en langue Franque & avec les lettres quʼil avait inventèes. Vossius a pensé quʼil les avait imitèes de celles des Grecs de Marseille. ce qui ferait le pendant dʼUlphilas.
Si les Runes sont venues des pays voisins de la mer Caspienne & quelles se soient repandues en Allemagne vers le tems des Ases; il est bien singulier que les Ostrogoths les eussent tellement oubliées quʼau 4
e siecle il falut inventer dʼautres caracteres pour leur faire lire les Evangiles. Malgré cet oubli prouvé par lʼinvention dʼUlphilas il me parait difficile de croire que la Domination des Ostrogoths en Italie, nʼaît pas facilité aux Italiens la connaissance des usages du Nord et cʼest par ce moyen peut etre quʼils auront eu quelque conn notion des veritables Runes.
Connaissés vous une lettre de
Bembo dans la quelle il felicite Jules II de lʼacquisition dʼun manuscrit en caracteres inintelligibles mais très beaux apportè du pays des Daces.....Il se pourrait que ce Ms. fut en Mæsogothique et peut etre un autre éxemplaire des Evangiles dʼUlphilas.
Jʼai lu avec plaisir les opuscules publiés par
Chezy, ainsi que lʼouvrage de Gley, je connaissais de nom & de tems une partie des monumens francs quʼil expose. Le combat dʼHiltibrat que jʼavais lu dans Eckhart mʼavait frappé lorsque je faisais des recherches sur lʼorigine des Romans de Chevalerie. Je desirerais savoir sʼil est bien constaté par des preuves sans replique que la Ville que les Romanciers allemands appellent Bern, soit Verone en Italie?
Je trouve sur quelques cartes que jʼai ici et qui font à peu
[3] prês toute ma bibliotheque, des notes que jʼavais jadis recueillies dans un ouvrage du Cte Potocki: peut etre vous serviront elles a quelque chose; le voici
Un historien Hongrois connu sous le nom du
notaire du roi Béla raconte quʼil se détermine a écrire son histoirepar ce quʼil etait indécent que la nation Hongroise nʼapprit son origine que par les fables des gens de la Campagne, par les Chants des Amuseurs (Joculatores) et pour ainsi dire en revant.........
Le Duc Arpad (à la fin du 9e siecle) & ses gueriers entrerent dans la Ville dʼAttila, de qui déscendait Arpad & là on fit des festives très gais dans le palais du roi Attila avec des symphonies, des guitares, et des flutes & les Chants des Joculateurs. Voila pr les Jongleurs Hongrois.
Dans le
mème ouvrage du Cte Potocki on trouve des extraits de la Chronique de lʼEveque Polonois Boguphal. Il raconte lʼHistoire de Walther le Fort (Walgersz Wdaly), de sa femme Helgonde & de Wislaus le beau, Prince de Wislicia. Helgonde est fille dʼun roi des Francs, elle avait été promise à un autre, mais Walther lʼenleva & la conduisit dans son Chateau prês de Cracovie.-
Jʼai lu en partie lʼ
ouvrage de Knight que vous avés eu la Complaisance de me preter. Bien des choses mʼont interessé & lʼauteur me parait profondement versé dans son sujet. Je le crois cependant fort systematique & prompt à dédaigner & à traiter de fables tout ce qui pourrait prouver contre son opinion. Il me semble quʼil abuse de son gout pour le Digamma et que son système sur lʼancienne orthographe Grecque est trop absolu. Elle dût varier suivant les [4] regions de la Grece. Il eut été curieux de voir cent vers dʼHomere restitués par Mr Knight. Il sʼappuye trop sur la comparaison avec les langues dʼItalie. Jʼai fait un recueil des plus anciennes Inscriptions grecques depuis le 16e siecles avt J.C. jusquʼau 3e Les premieres ne sont guere que des Copies dʼanciens originaux; mais il parait certain quʼil y en a qui sont antérieures & contemporaines de lʼémigration Ioniene. On nʼy voit pas lʼabondance dʼaspirations que suppose Knight. Je sais bien que dans un autre ouvrage sur lʼAlphabet Grec (en anglais), il voudrait rejetter les inscriptions trouvèes dans le Péloponèse par Fourmont. Au reste je suis loin dʼetre en état de juger, ni même malheuresement de profiter de recherches si transcendentes & je vous demande pardon dʼen parler. Knight me parait éttonant, quand il dit p.58: litteras autem & monetæ cudendæ artem Indos à Græcis sub Macedonum & Parthorum imperiis accepisse probabile est:....... et signa litterarum æquè ac nummorum Indicorum veterum, forma et fabrica, imitationis, Græcorum recentiorum etiam, notas manifestissimas præ se ferunt.!!!.
Mille excuses de ce bavardage.- Je languis dʼaller vous voir, jusquʼà présent des exercices, des Conseils, des santés mʼen ont empeché. Vous aurés appris que lʼ
empereur a voulu voir Simonde.- Son premier Article mʼa paru plus ridicule que tout autre Chose: il annonce de lʼindépendance & promet du Courage pour les suivans.- lʼintention est bonne, mais lʼamour propre & le desir dʼetre actif lʼégare.
tout à vous
Favre
9. Mai 1815.-
[5] Maxima Bibliotheca Patrum T.X.p.569.
-
Venantii Fortunati Carmina.
lib.VII.
Carm.18.
ad Flavum
Ad carum toties mea pergit epistola Flavum
Sic monet officiis sedula cura loqui.
Nunc quoque prosaïco, modo mittens carmina versu
Blandior afflatu debita solvit amor.
Quin tibi pauca ferat, qui vult iter ire viator
nemo mihi tacitè prætereundus abit:
Fœtus amicitiæ te ut pagina sæpè requirit.
Et si vir desit portitor, aura placet.
Attonitis animis ego per vaga nubila prendo,
nullaque suspicio signa relata manu.
An tibi Charta parum peregrina merce rotatur?
Non amor extorquet, quod neque tempus habet?
Scribere quo possis, discingat fascia fagum,
Cortice dicta legi, fit mihi dulce tui.
An tua Romuleum fastidis lingua susurrum
quæso vel Hebraïcis reddito verba
signis notis,
Doctus achæmeniis quæsis præscribito signis,
Aut magis Argolico pange canora Sopho
Barbara fraxineis pingatur runa tabellis,
quodque papyrus agit, virgula plane valet.
Pagina vel redeat perscripta dolatile charta
quod relegi poterit, fructus amantis erit.
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[6] [leer]
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