16 Septembre Dept de lʼEure
Jʼai reçu votre lettre dans les Pyrenées, les voyages puis quelques petits malaises mʼont empeché de vous répondre plutôt. Votre idée de venir à Broglie me seroit excessivement douce, il me semble que cʼest presque un devoir pour vous que de venir vous réunir aux tristes restes dʼun passé qui vous a été si cher. Jʼespère pourtant que vous aurez [2] reçu le paquet des ouevres et de la notice sans cela je ne puis concevoir ce qui seroit arrivé. Ma soeur Mde de Staël est maintenant avec nous avec son enfant. Le petit être vous interesseroit il est dʼune intelligence remarquable et sa gaîté fait à la fois du bien et de la peine. Jʼaurois bien voulu que vous vinssiez ici pendant leur séjour et que cet enfant eut reçu votre benediction. Ils resteront [3] jusquʼà la fin dʼoctobre. Ce que vous me dites sur votre frère me paroit bien triste il me semble cher ami que la mort doit tout éffacer de notre ame excepté le souvenir de ce qui nous a paru digne dʼêtre aimé. Les êtres qui ne sont plus sont certainement délivrés de toutes leurs faiblesses et cʼest ainsi que nous devons les voir.
Donnez moi toujours de vos nouvelles cher ami et [4] puis pensez à ce projet de venir nous voir qui me seroit si doux. Adieu encore recevez lʼexpression de toute ma tendre affection dites moi si vous avez reçu les livres?
Nous sommes tous revenus bien portans des Pyrenées. Alphonse est devenu énormément grand.