Monsieur!
Jʼai lʼhonneur de Vous adresser ci-joint un article destiné pour le Journal Asiatique. Jʼapprends que Mr Saint-Martin en est actuellement le redacteur, mais je nʼai pas lʼavantage dʼêtre personnellement connu de lui, et je ne voudrais pas débuter dans mes relations avec ce savant distingué par une réclamation peut-être importune. Dʼailleurs puisque heureusement pour la société Asiatique Vous remplissez toujours la charge de sécrétaire, je pense que les affaires étrangères sont de Votre département. Je demande lʼinsertion de ma réponse à Mr. Langlois dans le Journal Asiatique, et je ne pourrai consentir à aucun retranchement. Je suis persuadé, Monsieur, que Vous trouverez ma demande pleinement fondée en justice. Jʼai bien dʼautres moyens de publicité, mais je nʼai que celui-là de me faire lire par les mêmes lecteurs qui ont lu ou parcouru les quatre longs articles de Mr. Langlois. Ce nʼest pas dans mon intérét seulement que je réclame lʼinsertion. Ces éclaircissemens sont dûs aux lecteurs, induits en erreur par un ignorant qui se targue continuellement de lʼautorité de deux maîtres: du scoliaste, quʼil a mal compris, et du professeur qui, comme [2] lʼon sait, nʼenseigne guère. Cʼest en fait de lʼétude du sanscrit, si ceux qui sont indolens ou trop faibles pour lʼavancer eux-mêmes, peuvent impunément accabler de dégouts ceux qui y consacrent leurs veilles. Je puis Vous assurer que le premier connaisseur du sanscrit en Europe Mr. Colebrooke enfin a été indigné des articles en question. Pour moi je ne mʼétonne pas de la malveillance, mais je suis un peu surpris de la mal-adresse. Mr. de Chézy nʼaura pas revu les articles de Mr. Langlois avant lʼimpression. Autrement aurait-il laissé compromettre si étrangement la réputation de son école par les bévues les plus grossières?
Jʼespère que mon article pourra être inséré en entier dans un prochain numéro du Journal Asiatique. Il perdrait tout son effet sʼil était morcelé. Puisque Vous avez maintenant des caractères dîvanâgari on pourra sans difficulté les employer pour les citations en langue sanscrite: cela leur donne toujours plus dʼauthenticité. Mais lorsquʼil faut recourir à la transcription en lettres latines, jʼobserve toujours la méthode de Mr. Colebrooke. Jʼai conservé cependant lʼorthographe de Mr. Langlois dans les passages extraits de ses articles.
Voudriez Vous bien prier de ma part [3] Mr. Burnouf de se charger de la révision des épreuves?
Vous mʼobligeriez infiniment, en mʼenvoyant au plutôt sous bandes le rapport de la Séance annuelle.
Je suis en pleine activité pour mon édition du Râmâyana. Douze manuscrits ont été collationnés, cʼest un travail immense. Néanmoins jʼespère en venir à bout, sans avoir les dix têtes de Ravanas. Vous recevrez aussi bientôt un nouveau cahier de ma bibliothèque Indienne.
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