Dear Sir,
J’ai toujours à réclamer Votre indulgence pour mes lenteurs dans la correspondance; et jusqu’ici j’ai eu aussi toujours à alléguer la même excuse, n’ayant déposé mon Rectorat que depuis quinze jours. Je savois que Sir Alexandre Vous a donné des nouvelles de Votre fils; je lui ai remis Votre lettre à sa seconde arrivée à Bonn. Il repart en ce moment pour l’Angleterre, et il a bien voulu se charger de celle-ci.
Votre fils a passé au commencement de ce semestre à la premiere classe de l’école. J’ose Vous promettre qu’il deviendra fort dans les langues classiques. Je m’en suis convaincu en lui fesant [sic] faire de l’Euripide pendant les vacances. Notre professeur d’astronomie a examiné, par complaisance pour moi; nos jeunes gens à fond dans l’Arithmetique, l’Algèbre et la géométrie. Le resultat de cet examen a été que, quoique Votre fils soit bien plus avancé que le jeune Johnston, ils ont encore besoin tous les deux de leçons particulières outre celles qu’ils recoivent à l’école. Le défaut des maîtres ordinaires de mathématiques, c’est de trop parler, de repéter leurs demonstrations au lieu de laisser l’écolier trouver lui même la solution. J’espère avoir trouvé un maître qui saura éviter ce défaut et employer un peu la méthode Socratique.
Le françois marche bien, la conversation qui se fait rigoureusement en françois pendant le diner, y contribue beaucoup. Votre fils monte joliment à cheval, il tire des armes avec une grande vivacité; et son maître d’escrime présage qu’il [2] maniera le fleuret à merveille. Il a fait de bons progrès dans la natation, quoiqu’il ait encore besoin d’être un peu soutenu. La campagne suivante suffira je pense pour le rendre expert dans cet art si utile. Tout cela developpe ses forces et a déjà produit un effet excellent sur sa santé. Nous allons commencer la danse.
Vous trouverez, Monsieur, ci-joint le résumé des Comptes du semestre depuis le 1 fevrier jusqu’au Août 1825 que je Vous devois encore, ainsi que tous les éclaircissemens relatifs à l’économie. Vous verrez qu’il y a un surplus à liquider, mais il n’est pas nécessaire de faire pour cela une traite extraordinaire. Veuillez seulement m’autoriser à faire la traite ordinaire de £60 un mois plutôt, le premier Janvier. J’espère que de cette manière nous serons à peu près à jour, et il sera plus commode dans la suite de regler nos comptes au commencement et au milieu de l’année. Le change est toujours en votre défaveur: sur cent vingt livres Sterling cela fait déjà une différence de quarante écus de Prusse.
Sir Alexandre Vous remettra de ma part deux opuscules latins. Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de mes sentimens les plus empressés.
Tout à Vous
A W de Schlegel
[3] Dépenses communes
pour MM. Colebrooke et Johnston 1 fevr[ier] jusqu’au 1er Août
Appointemens de l’Instituteur jusqu’au 1 Mai 50 Th – Sg – Pf
Nourriture de l’Instituteur 70 ,, – ,, – ,,
Voyage avec l’Instituteur 32 ,, 12 ,, – ,,
Déboursé dans d’autres excursions &c 25 ,, 14 ,, 8 ,,
Leçons de françois jusqu’au 1er Mai 7 ,, 18 ,, 4 ,,
Fourniture de bureau 7 ,, 18 ,, 4 ,,
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193 ,, – ,, – ,,
Dépenses particulières
Nourriture, logement, éclairage, chauffage 160 ,, – ,, – ,,
Blanchissage 10 ,, 8 ,, – ,,
Effets d’habillement etc. 72 ,, 25 ,, – ,,
Compte du libraire 11 ,, 3 ,, ,, – ,,
Compte du relieur 7 ,, 23 ,, – ,,
Semestre de l’école 8 ,, – ,, – ,,
Leçons de mathématiques 19 ,, 3 ,, 9 ,,
Le maître de langue françoise depuis le 1 Mai 44 ,, 19 ,, 6 ,,
Leçons d’escrime et dépenses accessoires 17 ,, 23 ,, 4 ,,
Manège 25 ,, – ,, – ,,
Port de lettres 3 ,, 25 ,, 5 ,,
Argent de poche 12 ,, – ,, – ,,
Service de la maison 7 ,, – ,, – ,,
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399 ,, 11 ,, – ,,
Ajoutez la moitié des dépenses communes 96 ,, 15 ,, – ,,
Total 495Th 26Sg
Tiré le 1 fevrier £60,, au cours de change de 6 Th 24 Gr 409 ,, – ,,
Balance en ma faveur 87 ,, 26 ,, [sic]
[4] Remarques sur le compte précédent.
Le prix de la pension a été réhaussé d’une bagatelle, environ dix shellings par mois. Il m’a fallu m’y décider pour ne pas être en perte, voyant que les besoins de mes jeunes amis, avoient augmenté très sensiblement avec le progrès de l’age.
L’article pour éffets d’habillement et autres petites dépenses, difficiles à énumérer a monté plus haut que d’ordinaire parce que plusieurs arriéres du semestre précédent y sont compris.
Dans la somme payée au maître de langue françoise une partie seulement consiste en honoraire pour les leçons données. Le reste est le prix du diner que je lui fournis chez moi, et dont chacun des trois jeunes Anglois qui y participent, paye le tiers.
J’ai rejeté les leçons de natation dans le semestre suivant parce qu’elles ont été données la plupart dans les mois d’Août et de Septembre.
Remarquez que les £10 ,, que j’ai tirés en sus de la somme ordinaire de £60 ,, n’ont rien de commun avec le compte ci-dessus: c’étoit un reste de la liquidation du semestre terminé le 1er fevrier 1825.
Bonn ce 31 Octobre 1825.
A W de Schlegel