Chère amie, je n’ai absolument rien à vous mander, sinon que le château est encore debout, que je me porte bien et que j’attends avec impatience votre retour.
Voici les lettres de Vienne, celles de France doivent arriver dans ce moment. Vous m’ordonnez de vous envoyer les lettres à Berne jusqu’à jeudi inclusivement, mais demain il n’y a point de diligence, ainsi je devrai garder celles qui peuvent arriver demain jusqu’à nouvel ordre.
Je vous attends donc lundi soir. Pourquoi resteriez-vous dans cet ennuyeux Lausanne? Je me réjouis de ce que le tems est assez beau pour la fête, si du moins il n’est pas différent de l’autre côté des montagnes. Vous n’aurez pas souffert de la chaleur que vous craignez tant.
Mlle Mendelsohn a mis en musique une petite chanson de moi. Faites-vous la donner, c’est de l’allemand assez doux pour que vous puissiez la chanter.
Vous aurez reçu ma lettre de lundi. Point de Camille Jordan jusqu’ici.
J’aperçois à travers la lettre de M. Decarro une adresse d’Albert dont l’écriture est digne d’un enfant de six ans. Depuis quatre ans que j’en parle je n’ai pu vous engager à un seul exemple de sévérité à cet égard. Renvoyez-lui donc ses lettres sans réponse. Albertine écrit déjà beaucoup mieux que cela.
La gazette de Berne dit des merveilles de vous. Adieu, chère amie, voici une seule lettre de Paris que je me hâte d’envoyer pour ne pas manquer la diligence.