Je vous écris, chère amie, dans le premier moment de mon arrivée. J’ai été fort peu éprouvé par la chaleur et les secousses, mais me voici déjà embarrassé par un délai que causent les moyens bornés de voyage dans ce pays-ci. La diligence pour Zurich et Schaffhouse repart 2 heures après l’arrivée de celle de Lausanne, par conséquent dans une heure. Je ne pourrois donc en profiter, elle ne repart plus que dimanche à midi. La diligence de Soleure part également dans ce moment, où je n’ai pas seulement encore pu savoir si M. de Schr[aut] est ici ou là, elle revient sur ses pas et elle ne mène absolument à rien. Il n’y a point de communications ultérieures de là. Il faudra donc prendre des voitures particulières, si cela peut faire gagner quelque tems, d’autant plus qu’avec mes paquets les diligences sont fort chères. Ils m’ont fait payer presque le double du prix ordinaire à cause de ma malle.
J’ai vu un commis de M. Demolin, j’ai mon passeport légalisé, ils m’ont fait écrire 4 fois mon nom, pour envoyer mon écriture à leurs correspondans. Je ne connoissois pas encore cette cérémonie pour une lettre de change.
Adieu, j’ai voyagé dans une société stupide et plébienne, je ne sais donc rien vous écrire d’intéressant. En toute hâte, mille choses à tous.
Je n’aurois pas évité la difficulté des diligences même en partant avant-hier, car il étoit presque impossible d’être de retour de Soleure à midi après y avoir fait ses affaires.