Chère amie, je viens d’éprouver une difficulté de diligence. Les voyageurs qui viennent de Zurich passent devant; on est rejeté d’autant de numéros en arrière, et la diligence est arrivée aujourd’hui à peu près toute remplie de gens qui continuent leur chemin. Je me crois à l’abri de cet inconvénient pour jeudi, puisque j’ai ici le premier numéro. Mais si cela se répétoit je me croirois autorisé à prendre un cabriolet ou char à banc, et je tàcherois de continuer ma route la nuit; en prenant un autre cheval j’arriverois toujours de bonne heure le vendredi. Ma malle est à côté de moi toute faite, et depuis que j’ai cédé mon excellente chambre à la princesse Lub[omirska] je suis dans le plus vilain taudis du monde.
J’ai mis votre lettre au pr[ince] Aug[uste] de Prusse à la poste sous l’adresse du Cte de Rheinsberg à Lucerne, c’est celle qu’il a laissée ici au bureau de poste.
Je n’aurois plus besoin que de quelques louis que je vais prendre chez M. Guyot. Je vous ferai mes comptes en arrivant.
Nous jouirons bien du tems qui nous reste dans le château et dans la chambre bleue. Adieu, chère amie. Mille tendresses.