J’ai fait le tour des libraires les mieux fournis, mais ils n’ont point d’ouvrage de Tempelhoff ni de Bülow; je n’ai trouvé qu’un traité de mathématiques du premier qui n’est certainement pas ce qu’Albert demande. Il faudroit donc qu’il désignât exactement les titres pour que je puisse faire venir ces livres, soit de Zurich, soit de l’Allemagne. En attendant je lui ai indiqué un livre de ma bibliothèque, qui peut l’occuper assez s’il veut faire une étude scientifique.
A ma grande consternation, j’ai aussi cherché en vain à la Bibliothèque publique les œuvres de Camoëns. Je me vois donc absolument hors d’état de vous communiquer quelque chose qui vaille, soit de vérifier les notices, soit de tirer des traits piquants de la Lusiade même. Je vous renverrai donc l’article avec des observations sur des bagatelles, telles que je puis les faire sans aucun secours. Pour vous présenter un travail, comme sur Aspasie, il faudroit m’envoyer un Camoëns de Genève ou le tirer de ma bibliothèque, où il se trouve au numéro 1057 et 1058. Je pourrois l’avoir vendredi par le fourgon.
Voici encore la triste stérilité du dimanche, chère amie, où je ne reçois votre lettre que l’après-dîner après le départ de la poste. Point de nouvelles. Les négociations sur les troupes suisses sont terminées, mais les députés sont encore ici, parce qu’on attend la ratification de Paris.
M. Schuferti est parti pour l’Allemagne il y a 8 jours. Comme il étoit pressé il n’a pas pris la route de Zurich, il est allé par Brück, pour trouver des chevaux de poste avant Schaffhouse – je crois à Rheinheim. Il y a eu un grand dégel, mais le froid a un peu repris depuis hier.
Je travaille aussi bien que je peux depuis que le froid a diminué; je vais tous les jours à la bibliothèque, mais la complaisance et le savoir de M. Favre me manquent beaucoup pour avancer dans les recherches. Dites-lui cela. J’écrirai prochainement à M. Hess pour lui communiquer quelques petites découvertes relativement aux siennes.
Je trouve que le travail est un des élémens nécessaires de la vie. S’il n’y avoit rien d’utile à faire, il faudroit se créer un intérêt factice.
Mille adieux, chère amie, pardonnez le vuide de cette lettre en faveur de la précédente.