• August Wilhelm von Schlegel to Anne Louise Germaine de Staël-Holstein

  • Place of Dispatch: Bern · Place of Destination: Genf · Date: 22.05.1812
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Anne Louise Germaine de Staël-Holstein
  • Place of Dispatch: Bern
  • Place of Destination: Genf
  • Date: 22.05.1812
  • Notations: Absendeort erschlossen.
    Printed Text
  • Bibliography: Pange, Pauline de: Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’apres des documents inédits. Paris 1938, S. 375‒377.
  • Incipit: „Ce 22 mai 1812.
    J’ai reçu hier vos lettres, chère amie; j’aurois mieux aimé m’en tenir à la première; me voilà rejeté [...]“
    Language
  • French
Ce 22 mai 1812.
J’ai reçu hier vos lettres, chère amie; j’aurois mieux aimé m’en tenir à la première; me voilà rejeté tout à fait dans le vague. J’espère que votre santé du moins n’a pas rétrogradé, puisque vous pensiez faire une course à Cologny samedi. Soignez-vous de toutes les façons physiquement et moralement.
La petite commission des papiers est faite, ils n’ont pas été renouvelés, ils sont restés comme ils étoient, sauf les mots ajoutés. Je n’ai plus d’autre affaire ici à présent jusqu’après l’arrivée de la lettre de demain.
Nos amis de Zurich, à ce qu’il paroît, ont un peu changé de résolution dans l’intervalle de deux heures. Si ce n’est pas par l’effet d’une vacillation pure et simple, c’étoit donc parce qu'ils avoient reçu quelque lettre qui pouvoit influer sur leurs pensées. C’étoit en effet le moment de l’arrivée du courrier. Mais j’aurois voulu qu’ils m’eussent mandé leurs motifs s’ils en avoient.
Hier j’ai écrit à Albert tout ce que j’ai pu recueillir de nouvelles, je n’ai rien appris depuis. Les dernières feuilles de l’Allgemeine Zeitung contiennent le voyage de l’Emp[ereur]. Il est arrivé le soir du 14 à Baireuth, et le lendemain il devoit pousser jusqu’à Dresde; c’est cependant une journée très forte. L’Emp[ereur] d’Autriche a assisté le 12 à la clôture de la Diète de Presbourg, il me paroît donc impossible qu’il arrive à Dresde aussi tôt que son beau-fils; et si l’Emp[ereur] Napol[eon] passe d’abord outre pour aller à Varsovie, je ne conçois pas où ils se verroient dans ce moment. Si, au contraire, l’Emp[ereur] de France reste quelque temps à Dr[esde] pour avoir cette entrevue de famille, cela me paroît indiquer qu’en effet il y a encore des négociations.
Dans le discours du Pr[ince] héréditaire de Suède aux députés de la diète, il n’est question ni de guerre ni d’alliance, mais seulement de son intention de maintenir les droits de la Suède et de la préserver d’un joug quelconque dans la situation actuelle de l’Europe.
On n’a pas parlé du tout de la paix avec la Turquie. M. de Wolff m’a toujours assuré qu’il ne croyoit pas qu’elle se feroit de si tôt.
M. de St. Pr[iest] n’a pas passé par ici ou il ne s’est pas arrêté. Il n’a point demandé de passeport à M. de Schraut; celui-ci pensoit qu’il en auroit eu de la chancellerie d’Etat à V[ienne] sur la demande de son neveu.
J’ai dîné avant-hier chez M. de Sch[raut], mais vous savez bien qu’avec les personnes en place il n’est pas permis d’enfreindre la réserve qu’ils gardent eux-mêmes sur certains sujets. Il ne m’a rien dit absolument qui fût ni pour ni contre l’achat d’une terre par rapport au change actuel; cependant je n’ai pas lieu de penser qu’il ait changé d’avis là-dessus depuis l’été passé.
J’ai vu les jeunes Freudenreich qui m’ont demandé des nouvelles de votre santé, j’ai dit que l’état en étoit tel qu’il exigeoit le repos, à moins que dans la suite on vous ordonnât les bains.
Beaucoup de personnes sont déjà à la campagne. M. de Falk est parti dernièrement pour la sienne à Soleure et n’a laissé ici que son secrétaire, M. Rouyer. La diète s’ouvrira vers la fin du mois à Basle.
M. Freudenreich est nommé le premier député d’ici par le Grand Conseil qui est assemblé dans ce moment. Le cordon ne sera pas d’abord mis en activité, mais seulement tenu prêt; il sera peu nombreux à ce qu’on dit et sera placé uniquement sur la frontière orientale.
Parmi les ouvriers qui suivent la Grande Armée on assure qu’il se trouve aussi des ramoneurs, c’est probablement comme pour les pompiers pour le cas où l’on construiroit des camps de baraques.
On a débité hier un conte incroyable – que M. Perceval avoit été tué en plein parlement par un coup de pistolet d’un membre de l’opposition – ce seroit plutôt possible en duel, mais cela me semble dénué de fondement.
Vous voyez que je vous mande tout ce qui peut vous intéresser; je ne sais, dans ce moment, faire mieux ni autrement. Je serois trop heureux de pouvoir vous être réellement utile, mais il faut que vous le veuilliez. Je me tiens toujours prêt pour vos commissions et j’y mettrai le plus grand zèle.
Adieu, chère amie, je fais des vœux pour votre bien-être et pour votre santé. J’attends avec la plus grande impatience votre lettre de demain. Mille choses à vos enfants.
Personne ne s’étonne de me voir ici, sachant que je suis reçu dans un petit cercle dont la société me plait.
Ce 22 mai 1812.
J’ai reçu hier vos lettres, chère amie; j’aurois mieux aimé m’en tenir à la première; me voilà rejeté tout à fait dans le vague. J’espère que votre santé du moins n’a pas rétrogradé, puisque vous pensiez faire une course à Cologny samedi. Soignez-vous de toutes les façons physiquement et moralement.
La petite commission des papiers est faite, ils n’ont pas été renouvelés, ils sont restés comme ils étoient, sauf les mots ajoutés. Je n’ai plus d’autre affaire ici à présent jusqu’après l’arrivée de la lettre de demain.
Nos amis de Zurich, à ce qu’il paroît, ont un peu changé de résolution dans l’intervalle de deux heures. Si ce n’est pas par l’effet d’une vacillation pure et simple, c’étoit donc parce qu'ils avoient reçu quelque lettre qui pouvoit influer sur leurs pensées. C’étoit en effet le moment de l’arrivée du courrier. Mais j’aurois voulu qu’ils m’eussent mandé leurs motifs s’ils en avoient.
Hier j’ai écrit à Albert tout ce que j’ai pu recueillir de nouvelles, je n’ai rien appris depuis. Les dernières feuilles de l’Allgemeine Zeitung contiennent le voyage de l’Emp[ereur]. Il est arrivé le soir du 14 à Baireuth, et le lendemain il devoit pousser jusqu’à Dresde; c’est cependant une journée très forte. L’Emp[ereur] d’Autriche a assisté le 12 à la clôture de la Diète de Presbourg, il me paroît donc impossible qu’il arrive à Dresde aussi tôt que son beau-fils; et si l’Emp[ereur] Napol[eon] passe d’abord outre pour aller à Varsovie, je ne conçois pas où ils se verroient dans ce moment. Si, au contraire, l’Emp[ereur] de France reste quelque temps à Dr[esde] pour avoir cette entrevue de famille, cela me paroît indiquer qu’en effet il y a encore des négociations.
Dans le discours du Pr[ince] héréditaire de Suède aux députés de la diète, il n’est question ni de guerre ni d’alliance, mais seulement de son intention de maintenir les droits de la Suède et de la préserver d’un joug quelconque dans la situation actuelle de l’Europe.
On n’a pas parlé du tout de la paix avec la Turquie. M. de Wolff m’a toujours assuré qu’il ne croyoit pas qu’elle se feroit de si tôt.
M. de St. Pr[iest] n’a pas passé par ici ou il ne s’est pas arrêté. Il n’a point demandé de passeport à M. de Schraut; celui-ci pensoit qu’il en auroit eu de la chancellerie d’Etat à V[ienne] sur la demande de son neveu.
J’ai dîné avant-hier chez M. de Sch[raut], mais vous savez bien qu’avec les personnes en place il n’est pas permis d’enfreindre la réserve qu’ils gardent eux-mêmes sur certains sujets. Il ne m’a rien dit absolument qui fût ni pour ni contre l’achat d’une terre par rapport au change actuel; cependant je n’ai pas lieu de penser qu’il ait changé d’avis là-dessus depuis l’été passé.
J’ai vu les jeunes Freudenreich qui m’ont demandé des nouvelles de votre santé, j’ai dit que l’état en étoit tel qu’il exigeoit le repos, à moins que dans la suite on vous ordonnât les bains.
Beaucoup de personnes sont déjà à la campagne. M. de Falk est parti dernièrement pour la sienne à Soleure et n’a laissé ici que son secrétaire, M. Rouyer. La diète s’ouvrira vers la fin du mois à Basle.
M. Freudenreich est nommé le premier député d’ici par le Grand Conseil qui est assemblé dans ce moment. Le cordon ne sera pas d’abord mis en activité, mais seulement tenu prêt; il sera peu nombreux à ce qu’on dit et sera placé uniquement sur la frontière orientale.
Parmi les ouvriers qui suivent la Grande Armée on assure qu’il se trouve aussi des ramoneurs, c’est probablement comme pour les pompiers pour le cas où l’on construiroit des camps de baraques.
On a débité hier un conte incroyable – que M. Perceval avoit été tué en plein parlement par un coup de pistolet d’un membre de l’opposition – ce seroit plutôt possible en duel, mais cela me semble dénué de fondement.
Vous voyez que je vous mande tout ce qui peut vous intéresser; je ne sais, dans ce moment, faire mieux ni autrement. Je serois trop heureux de pouvoir vous être réellement utile, mais il faut que vous le veuilliez. Je me tiens toujours prêt pour vos commissions et j’y mettrai le plus grand zèle.
Adieu, chère amie, je fais des vœux pour votre bien-être et pour votre santé. J’attends avec la plus grande impatience votre lettre de demain. Mille choses à vos enfants.
Personne ne s’étonne de me voir ici, sachant que je suis reçu dans un petit cercle dont la société me plait.
· Übersetzung , 22.05.1812
· Pange, Pauline de: August Wilhelm Schlegel und Frau von Staël. Eine schicksalhafte Begegnung. Nach unveröffentlichten Briefen erzählt von Pauline Gräfin de Pange. Dt. Ausg. von Willy Grabert. Hamburg 1940, S. 303–305.
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