Je viens de voir passer les troupes angloises, étant à la fenêtre dans le salon du Prince à côté du Général Moreau. Quels singuliers rapprochements! Nous avons beaucoup parlé de vous et des espérances des vrais François. Hier je dinais chez le Prince avec Moreau, Wallmoden et un monde infini. Et, entrant dans le salon, il me prit d’abord à part dans l’embrasure d’une fenêtre et me demanda si j’avais de vos nouvelles depuis ce triste rapport. Je répondis que non et je lui fis part de celles dont vous m’avez chargé et qui sont d’une nature si différente. Il en fut très satisfait. Il a vivement plaint notre ami Baudissin, d’après ce que je lui ai dit sur sa captivité.
Il faut fermer mon paquet, chère amie, je tâcherai de faire votre commission à Eugène. Du reste, si la guerre éclate, la communication entre l’Autriche et la Bavière peut être coupée avant que ma lettre parvient (sic).
Si MM. Arfwedson m’envoyent une nouvelle lettre de crédit, il faudra bien en faire usage pour me rembourser et pour payer encore quelques dettes d’Albert, sur lesquelles j’ai rendu un compte détaillé à Auguste.
Nous allons entrer en campagne, et je n’ai ni chevaux de selle ni voiture. Il faut que je m’en passe; mais je crois qu’il peut y avoir des circonstances où ce manque jette dans un grand embarras. Pourvu que nous allions en avant, tout sera facile. Moreau part ce soir, le Prince demain pour aller d’abord à Stettin; moi, avec tout l’Etat-Major, je partirai après-demain pour aller directement à Oranienbourg où le Prince nous rejoindra.
Adieu, chère amie, pensez à moi et écrivez-moi. Mes bénédictions à la chère Albertine.