Monsieur
On a présenté à la censure établie près du gouvernement Général de la Saxe un écrit portant le titre R e m a r q u e s etc. – la censure n’a pas osé prendre sur elle de donner le permis, elle a pris mon ordre la dessus et j’ai décidé qu’il serait sursis à l’impression.
Le chef d’une grande administration ne doit pas dire la raison, qui le décide; je ferai cependant une exception à votre égard, Monsieur, vous le méritez par vos relations présentes et par le renom litteraire et politique que vous vous êtes acquis précédemment.
Il est inutile d’établir des parallèles pour relever la loyauté par l’astuce, la magnanimité par la vengeance, la fermeté de caractère par l’entêtement, le respect aux constitutions par le despotisme, enfin d’en établir un entre le Prince Royal et Napoléon; l’un acquiert des Alliés, l’autre les perd, l’un est adoré, l’autre haï. Personne n’a besoin d’être rafermi dans les sentiments qui sont voués généralement au Prince Royal, par une réfutation des diatribes, qui ont été écrites contre lui, et le voile qui jadis entourait Napoléon, n’a plus besoin d’être soulevé il est tombé.
Des circonstances malheureuses ont forcé tous les Souverains de l’Europe à reconnaître Buonaparte pour Empereur de France, ce serait agir contre les intentions de l’Empereur mon Auguste Maître et de ses Alliés que de permettre des personalités violentes contre quelqu’un qui occupe un trône: s’il employe une arme vicieuse contre nous, nous ne devon pas l’imiter.
Voici, Monsieur, ma profession de foi, elle me justifiera à vos yeux et vous convaincra je l’éspère qu’il m’a été pénible d’empêcher l’impression d’un écrit fait par un homme estimable, servant la même cause que moi et approchant un Prince adoré par le Russes.
Je suis avec une parfaite considération Monsieur,
Votre très dévoué serviteur Prince Repnin Gouverneur Générale de la Saxe.
Leipzig le 11 Novembre
1831