[1] en verité, monsieur, vous nʼavez point à me remercier. cʼest de grand cœur et avec plaisir que je me fais éditeur de votre ouvrage; si vous lʼapprouvez ainsi. ce sera une jouissance pour moi de revoir et de repasser des idées que je vous ai souvent entendu énoncer, que je partage en partie, et qui me rappelleront une sphère dont je ne suis plus. jʼai reçu le paquet, il y a longtems; ainsi tout est entre mes mains nicolle doit venir me voir et je lui dirai que je suis pret à faire imprimer le livre sous mes yeux dans la vendée. alors en corrigeant les épreuves, jʼuserai de la permission que vous me donnez; sans dénaturer vos opinions, ni vos jugemens, je tacherai quʼils ne fassent pas les cabrer nos esprits français – cette association où je serai pour si peu me sera précieuse et agréable. tout cela ne me prendra pas trop de tems. si je suis oisif, ce sera toujours cela dʼemplois. si au contraire jʼai plus dʼémulation et dʼardeur au travail, ce me sera une distraction studieuse. – je pense que si les gens dʼen haut le veulent, je pourrai commencer cela au mois de septembre. [2] vous allez voir en suisse votre ami mr koreff qui est toujours bien ingénieux et spirituel. il sait conserver une vivacité et un entrain qui sont des qualités bien perdues dans ce pays.
adieu, monsieur, je vous prie de croire à mon attachement et à ma haute considération.
V.[otre] t.[rès] h.[umble] et o.[béissant]serviteur
Pr.[rosper] Barante
[Napoléon] 18 mai [1811]
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