• Ximénès Doudan to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Paris · Place of Destination: Bonn · Date: 21. April [1844]
Edition Status: Newly transcribed and labelled; double collated
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Ximénès Doudan
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Paris
  • Place of Destination: Bonn
  • Date: 21. April [1844]
  • Notations: Empfangsort und Datum (Jahr) erschlossen.
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: DE-1a-33442
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.6,Nr.49
  • Number of Pages: 3S. auf Doppelbl., hs. m. U.
  • Format: 20,6 x 13,4 cm
  • Incipit: „[1] Monsieur,
    Je vous aurais dit plustôt, si je n’avais été longtemps fort souffrant, tout le plaisir que m’a causé la [...]“
    Language
  • French
    Editors
  • Falk, Clio
  • Golyschkin, Ruth
[1] Monsieur,
Je vous aurais dit plustôt, si je n’avais été longtemps fort souffrant, tout le plaisir que m’a causé la lecture du petit cahier que je dois à votre bonté. Il y a là le germe d’une foule de beaux ouvrages, et de grandes perspectives au fond de tous ces petits cadres dont lesquels vous avez rapidement esquissé vos pensées. J’aurais un bien vif désir de vous entendre developper tout ce que vous avez indiqué là d’une main ferme et prompte. J’ai toujours les yeux tournés du côté du Rhin; on voulait m’entrainer à un petit voyage en orient, mais si j’avais un moment de santé passable, je préférerais tourner vers
Bonn. La probabilité est que je demeurerai dans mon immobilité, bien malgré moi.
Je crois vous l’avoir déjà fait remarquer;
Voltaire avait grand tort de dire - faites tous vos vers à Paris. Et n’allez point en Allemagne. je vois qu’on fait d’excellens vers même d’excellens vers français en Allemagne. [2] Et Boileau lui-même n’y trouverait point à mordre. Quoique vous en pensiez nous sommes très capables de distinguer vos vers d’avec ceux de Frédéric le Grand - qui n’aurait jamais pu acquérir ce tour aisé et dégagé que donne un long séjour dans la société la plus polie d’un pays. Et puis, quoiqu’il ait gagné plus de batailles que vous n’avez eu occasion de le faire, je prends la liberté, n’étant pas né dans son royaume, de préférer de beaucoup votre style au sien.
Vos vers à un Artiste culinaire feront aller quelque jour ce pauvre homme à la postérité. Il ne s’attendait guères à cette illustration. Puisque vous voulez bien lui dire
„De vos instructions je ferais mes délices.“
Le voilà muni du plus brillant certificat qu’ait jamais eu artiste culinaire. C’est ainsi qu’
Horace a fait venir jusqu’à nous le nom de deux ou trois personnages qui sans lui n’auraient jamais fait le moindre bruit dans le monde après leur mort.
De son vivant vous pouvez disposer de lui corps et âme et il ira en personne vous choisir des saucissons à
Lyon & à Bologne, au premier signe que vous lui ferez.
Je n’ose plus vous demander votre avis sur les questions du jour, depuis que vous m’avez dit que vous n’aimiez pas à écrire sur ces matières. je serais pourtant très curieux de votre opinion sur la lutte que le clergé et le
[3] gouvernement ont en ce moment sur les questions d’instruction secondaire. La discussion va commencer demain à la cambre des Pairs. Elle sera, je crois, d’une assez grande vivacité. Vous avez pu voir par l’attaque de M. de Montalembert quel en sera le ton. Je suis persuadé que vous prendriez à tout cela un vif interêt si nous avions le bonheur de vous avoir ici.
Nous avons de bonnes nouvelles de
Madrid. Albert lit Don Quichotte, il va aux combats de taureaux, il m’envoye une vieille dague qui a probablement joué un rôle dans les guerres de moyen âge; il me demande de vos nouvelles et me charge de le rappeler à votre bienveillant souvenir. Il a emporté bien des livres grecs et je crois qu’il y jete un coup d’œil de temps en temps. Les affaires l’occupent pourtant beaucoup.
Tout ce qui est ici me recommande de vous faire mille tendres complimens.
Recevez, je vous prie, Monsieur, l’expression de mes très respectueux & très dévoués sentimens
X Doudan
à
Paris le 21. Avril
[4] [leer]
[1] Monsieur,
Je vous aurais dit plustôt, si je n’avais été longtemps fort souffrant, tout le plaisir que m’a causé la lecture du petit cahier que je dois à votre bonté. Il y a là le germe d’une foule de beaux ouvrages, et de grandes perspectives au fond de tous ces petits cadres dont lesquels vous avez rapidement esquissé vos pensées. J’aurais un bien vif désir de vous entendre developper tout ce que vous avez indiqué là d’une main ferme et prompte. J’ai toujours les yeux tournés du côté du Rhin; on voulait m’entrainer à un petit voyage en orient, mais si j’avais un moment de santé passable, je préférerais tourner vers
Bonn. La probabilité est que je demeurerai dans mon immobilité, bien malgré moi.
Je crois vous l’avoir déjà fait remarquer;
Voltaire avait grand tort de dire - faites tous vos vers à Paris. Et n’allez point en Allemagne. je vois qu’on fait d’excellens vers même d’excellens vers français en Allemagne. [2] Et Boileau lui-même n’y trouverait point à mordre. Quoique vous en pensiez nous sommes très capables de distinguer vos vers d’avec ceux de Frédéric le Grand - qui n’aurait jamais pu acquérir ce tour aisé et dégagé que donne un long séjour dans la société la plus polie d’un pays. Et puis, quoiqu’il ait gagné plus de batailles que vous n’avez eu occasion de le faire, je prends la liberté, n’étant pas né dans son royaume, de préférer de beaucoup votre style au sien.
Vos vers à un Artiste culinaire feront aller quelque jour ce pauvre homme à la postérité. Il ne s’attendait guères à cette illustration. Puisque vous voulez bien lui dire
„De vos instructions je ferais mes délices.“
Le voilà muni du plus brillant certificat qu’ait jamais eu artiste culinaire. C’est ainsi qu’
Horace a fait venir jusqu’à nous le nom de deux ou trois personnages qui sans lui n’auraient jamais fait le moindre bruit dans le monde après leur mort.
De son vivant vous pouvez disposer de lui corps et âme et il ira en personne vous choisir des saucissons à
Lyon & à Bologne, au premier signe que vous lui ferez.
Je n’ose plus vous demander votre avis sur les questions du jour, depuis que vous m’avez dit que vous n’aimiez pas à écrire sur ces matières. je serais pourtant très curieux de votre opinion sur la lutte que le clergé et le
[3] gouvernement ont en ce moment sur les questions d’instruction secondaire. La discussion va commencer demain à la cambre des Pairs. Elle sera, je crois, d’une assez grande vivacité. Vous avez pu voir par l’attaque de M. de Montalembert quel en sera le ton. Je suis persuadé que vous prendriez à tout cela un vif interêt si nous avions le bonheur de vous avoir ici.
Nous avons de bonnes nouvelles de
Madrid. Albert lit Don Quichotte, il va aux combats de taureaux, il m’envoye une vieille dague qui a probablement joué un rôle dans les guerres de moyen âge; il me demande de vos nouvelles et me charge de le rappeler à votre bienveillant souvenir. Il a emporté bien des livres grecs et je crois qu’il y jete un coup d’œil de temps en temps. Les affaires l’occupent pourtant beaucoup.
Tout ce qui est ici me recommande de vous faire mille tendres complimens.
Recevez, je vous prie, Monsieur, l’expression de mes très respectueux & très dévoués sentimens
X Doudan
à
Paris le 21. Avril
[4] [leer]
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