Le T. est imprimè avec le caractere allemand appellé Hoch-deutsch ou Fractur, formè de lʼecriture demi Gothique & ainsi nommé à cause de ses angles tronqués. Ce caractere parvenu au plus haut point de perfection a servit au T.
lʼEmpereur Maximilien I étant à Nuremberg en 1517 y fit executer cet ouvrage et fit venir pour lʼimprimer Jn. Schœnsperger celebre Imprimeur dʼAugsbourg. Il parait que les caracteres avaient eté gravés et fondus par Jerome Andreæ de Nuremberg, qui dans la suite imprima les ouvrages dʼAlbert Durer.
Cuspinien (de Cæsarib. p. 486) assure que Maximilien I est lʼauteur de ce poëme, on dit quʼil y a à Vienne les 74. premiers chaps ecrits de la main de cet Empereur et dans un autre cahier les dessins de gravures destinèes à cet ouvrage. On dit meme que lʼEmpereur lui meme les avait tracés. Dʼautres fondés sur deux epitres à Charles V adressés par Melchior Pfinzing, Chapelain de lʼEmpr Prieur de St Alban près de Mayence et de St Sebold à Nuremberg, croient que ce dernier [2] est lʼauteur du T. & pour concilier ces opinions on a encore pensé que lʼEmpereur avait fourni lʼidée, le plan & quelques vers de ce roman & que Pfinzing lʼavait accompli.
On a attribué les Estampes à Albert Durer, mais il parait que les connoisseurs se reunissent à les donner a Jean ou Hans Schoefflin ou Schaeuffelein
La Bibliotheque de Vienne et celle du Vatican avaient chacune un Exemplaire du T. sur Velin avec les figures enluminées en or et en couleurs. Il y avait aussi à Paris deux exemplaires sur Vélin dont lʼun a été vendu 900ff.
Les deux editions de Nuremberg 1517 & de Augsbourg 1519. sont imprimés avec les memes planches, les mêmes caracteres, page pour page et nʼont que les legeres differences suivantes:
Dans la 1e edit les cahiers au bas des pages ont les signatures ainsi a ii, a III &c. dans la seconde ces signatures sont a ij, aiij. &c.
lʼintitulè de la 1er est:
Die geverlicheiten und einsteils der geschichten
des loblichen Streyt paren &c.
Celui de la 2de est.
D- g- und eiňs teils d- g-
des loblichē Streitbaren &c.
Après le poeme il doit y avoir un cahier séparé de 8 feuilles signaturè A et contenant un discours sur lʼorigine de ce Roman, & une espece de sommaire des Chapitres. cette partie manque dans beaucoup dʼexemplaires. À la fin de ce cahier [3] on lit une souscription que dans la 1er edit nomme Nuremberg & dans la seconde Augsbourg.
On a cru que cet ouvrage était imprimé non en caracteres mobiles, mais en tables xylographiques. Mais on a remarqué contre cette opinion que dans lʼedit. de 1517 sous la Planche 84, au second mot de la seconde ligne, dans le mot Schickhet, la lettre i est retournée.
Les varietés entre les deux editions prouvent la même chose. Dans lʼorigine de lʼImprimerie, on avait une quantité de caracteres pour imiter les MS, la liaison des lettres & les traits. On nʼest pas dʼaccord sur la maniere dont les traits du T. ont été formés, ils paraissent ajoutés, la plus part laissent une solution de continuite entre eux et la lettre. On nʼa peine encore determiné si les caracteres de ces traits etaient en fonte ou en gravures sur bois.
Voici les ouvrages à consulter sur le Tewrdank.
J.D. Koehleri disquisitio de inclyto libro poetico Theurdank. Altorf. 1714. & 1737.
Götze. Memorabil. Biblioth. Dresd. (en allem).
Lambecius. Comment. d. Bibl. Vindob. lib. VIII.
Doppelmayr. Notices (en allemnd).
Ernesti. Notices sur les Imprimeries à Nuremberg.
De Mur. Journal T.XXI. (en allemd).
Camus. rapport fait à lʼinstitut sur le T.
Herrissant. observations sur la literat. allemand.
[4] Debure Biblioth. Instructive.
Essay sur la gravure en bois. T. II. p. 128 & suiv.
Jansen. de lʼinvention de lʼImprimerie.
&c. &c-
Bonjour, Monsieur, tout à vous.
Favre.
Geneve 2. fevr 1811.