[1] Je vous suis bien reconnaissant, Monsieur, de la communication de votre extrait. Je lʼai lu avec un intérêt extrême, et je souhaite que les éditeurs de la Bibliothèque Universelle aient assez de confiance en leurs lecteurs pour nʼy pas trouver trop de détails et trop dʼérudition. Si toutefois il fallait retrancher quelque chose par complaisance pour le public mixte dʼun ouvrage périodique, je voterais pour conserver intacte lʼintroduction générale sur les manuscrits et les causes de leur destruction. Je pense quʼon a de nouveau fait beaucoup dʼusage du papyrus dans le sixième siècle; si je ne me trompe, jʼen ai trouvé des traces dans Grégoire de Tours. La conquête de lʼEgypte par les Arabes mit fin à lʼexportation du papyrus, et cʼest alors que la cherté du vélin engagea à regratter les anciens manuscrits. Lʼusage des tablettes de bois enduites de cire et du stylet a continué pendant tout le moyen âge, jusquʼau treizième et peut-être au quatorzième siècle, ainsi que le prouvent entre autres les miniatures du manuscrits de nos troubadours dans la bibliothèque de Paris. On y voit souvent le poëte dictant à son secrétaire, lequel écrit sur des tablettes avec un poinçon; ensuite un autre copiste met au net ce premier brouillon sur du parchemin.
Je compte certainement vous voir encore avant votre départ; en tout cas, je prépare les lettres [2] et quelques indications sur votre voyage dʼItalie.
Veuillez agréer lʼassurance de mes sentiments les plus empressés.
Tout à vous,
SCHLEGEL.
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