Mon cher Monsieur Schleglel
je vous suis bien reconnaissant de la lettre que vous avez eu la bonté de m’écrire. J’ai beaucoup regretté vos histoires indiennes qui m’amusaient tant, et j’ai lu avec un véritable plaisir, celle que vous m’avez raconté dans votre lettre. J’ai repris il y a peu de jours un maitre d’allemand: il est professeur de cette langue au collège Charlemagne. Il est de Francfort mais il a été élevé en Hanôvre et à Berlin. Monsieur Doudan ne me donne plus de leçons aujourd’hu à présent parcequ’il est trop occupé. J’ai donc été obligé de prendre un maitre d’alleman de latin et de grec. J’ai repris quelques leçons danglais pour me remettre à le parler, du reste j’en lis toujours avec Mademoiselle Randall: Mes Louise prend des leçons d’anglais et d’allemand avec moi. Alphonse nous est revenu le mois dernier tout enchanté de l’Italie. Il a entrepris avec moi de faire des courses dans Paris. Nous avons été voir hier l’Hôtel des monnaies ou nous avons vu faire des pièces d’argent. J’ai pensé que vous nous auriez donné bien des instructions sur les pièces anciennes des monnaies anciennes. Aujourd’hui [2] nous comptons aller voir le cabinet des médailles antiques. Il nous me manquera certainement beaucoup de n’avoir pas à vous questionner ce soir sur ce que j’ai vu. Du reste je ne lis plus dutout de tragédies et il y a long temps que je n’ai ouvert ce LaHarpe contre lequel vous faisiez tant d’épigrammes. M. Hugo vient d’avoir de faire un procès au théâtre français qui n’a défendu pas joué sa pièce et à M d’Argoult qui l’a défendu. on dit que sa pièce est très scandaleuse. Je me souviendrai toujours du jours ou nous avons été voir Marion Delorme ensemble et ou j’ai eu plus de persévérance que vous pour l’entendre jusqu’au bout. Tout le monde parle ici d’un ouvrage contre les états unis, intitulée „Vie des américains“ par Miltene Trollope. Cet ouvrage met la division dans la maison. Maman l’a en en a une profonde horreur, mais tous les jeunes gens qui viennent le/la visiter no annoncent le soir en sont dans l’admiration. Nous voyons ici très souvent Monsieur et Mde de Werther et Mr d’appony. Ils parlent tous beaucoup de vous. Le ministère à rompu toutes nos ésperances d’aller vous voir à Bonn dans votre l’année prochaine. Maman en avait grande envie mais probablement qu il n y faut plus penser pour l’année qui va venir. Cependant cela me paraîtrait une triste pensée que d’y renoncer pour jamais je désirerais bien vous revoir ou ici ou à Bonn. Adieu [3] mon cher M Schlegel. soyez sur que vous aurez souvent de mes lettres.
A. V. de Broglie
[4] A Monsieur
Monsieur A. W. de Schlegel
chevalier de plusieurs ordres
Bonn
province prussienne du Rhin