Paris le 7 Septembre 1824.
Le Secrétaire de la Société, Membre de l’Institut Royal de France, à Monsieur G. de Schlegel.
à Bonn
Monsieur,
J’ai reçu la lettre que Vous m avez fait l’honneur de m’ecrire le 21 aout dernier, et je ne saurois assez Vous remercier de l’intéressante communication qu’elle contenoit. Rien ne pouvoit m’être plus agreable que d’obtenir du Japon des renseignemens importans qui me manquent encore, malgré le grand nombre de ceux qui me sont parvenus. J’ai fait part au Conseil du passage de Votre lettre relatif à M. Siebold, & conformément à Votre désir on a arrêté de dresser une série de questions. On m’a adjoint pour cet objet MM. Klaproth & Saint-Martin. Nous nous occuperons incessamment de la redaction du Mémoire & dès qu’il sera terminé, j’aurai l’honneur de Vous le faire passer. Je suis fort sensible à ce que Vous me dites d’obligeant par rapport au Cabinet des Mss. Le seul mérite que je puisse y avoir sera de faire mon devoir, en arrangeant & en faisant connoitre les richesses qu’il contient
[2] Persone jusqu’ici ne semble y avoir songé. La paresse incarnée etoit le Dieu qu’on adoroit à la Bibliothèque du Roi; c’est le mauvais génie que je prétends combattre. J’attribue à ses inspirations tout ce qu’il y a pu avoir de désobligeant dans la conduite que quelques persones ont tenue ici à Votre egard. Les paralytiques n’aiment pas à voir courir, & Vous allez trop vite & trop bien pour ne pas exciter un peu d’envie. Vengez-Vous d’elle en n’y faisant aucune attention, & en redoublant Vos généreux efforts. Je vois avec peine retarder la publication du Ramayana. Je voudrois imaginer quelque moyen de Vous procurer ce qui Vous manque. Peut-être dans quelque tems, la chose sera-t-elle plus facile. Je remets à M. de Diez quelques cahiers du Journal Asiatique qui Vous reviennent, mais ils sont loin de Vous completer. Les premiers qui Vous manquent ont été remis pour Vous à M. Holzenhausen; j’ai peur qu’ils n’ayent été egarés. A l’avenir, on déposera Vos numéros chez Treuttel & Wurtz; Mais la manière dont ils peuvent Vous les faire passer est peu sure, ou du moins très lente, & je doute que Vous en soyez satisfait.- C’est M. Saint-Martin dont le nom a été déchiré par le cachet de ma dernière lettre. Il fera sa souscription chez les libraires que Vous m’indiquez. M. de Humboldt a été, dans la dernière séance du Conseil, nommé Associé correspondant On annonce de lui plusieurs dissertations nouvelles sur des points de haute philologie du plus haut interêt. J’ai attendu vainement jusqu’ici les exemplaires du Discours latin que Vous m’avez annoncé. J’en suis d’autant plus faché que plusieurs de mes amis l’ont reçu, & m’en ont parlé avec admiration. Nous avons ici M. Schilling, toujours occupé de ses brillantes [3] entreprises typographiques, lithographiques & littéraires. Je lui rappelerai sa promesse pour l’Hitopadesa. Quant à M. Fauriel, il est toujours en Italie, & je n’ai eu de ses nouvelles qu’indirectement. Je remets pour Vous à M. Diez un exemplaire d’un 2d Mémoire sur les relations des Rois de France avec les Mongols. Je crois Vous avoir offert le premier pendant Votre séjour à Paris. Je ne me rappelle pas bien si je Vous ai fait hommage d’un autre Mémoire sur les opinions de Lao-tseu, où j’ai touché à quelques questions relatives à l’histoire de la philosophie. J’aurai l’honneur de Vous le faire passer, si j’ai jusqu’ici manqué à ce devoir.
J’use bien librement, comme Vous voyez, de la permission que Vous m’accordez de Vous ecrire au courant de la plume. J’ai simplement parcouru Votre lettre, & je crois avoir répondu aux points principaux. D’ici à peu de jours, j’aurai l’honneur de Vous envoyer le Mémoire pour M. Siebold, & je réparerai mes omissions si j’en ai laissé quelques unes dans mes réponses. Veuillez agréer, Monsieur, l’hommage de mon admiration & de mes sentimens les plus distingués.
JP. Abel-Rémusat
[4] A Monsieur
Monsieur G. de Schlegel,
&c. &c. &c.
à Bonn.