Paris le 22 fevrier, 1826.
Le Secrétaire de la Société, Membre de l’Institut Royal de France, à Monsieur A. G. de Schlegel, à Bonn.
Monsieur
Je n’ai appris que bien tard que le Mémoire sur les livres japonais que je croyois déja, par l’effet de Vos bons soins, très près de Nagasaki, s’etoit egaré sur la route de Paris à Bonn, par la négligence de la persone à qui je l’avois confié. Je me serois empressé de réparer cette perte, en Vous en adressant une seconde copie, si le départ de M. Lassen annoncé d’abord pour un terme assez rapproche de l’epoque de son arrivée, n’eut été ensuite retardé de semaine en semaine et de mois en mois. Je puis enfin Vous transmettre cette copie, que Vous trouverez ci-jointe, en Vous priant, d’y donner cours, comme Vous avez eu l’extrême bonté de nous l’offrir. Plusieurs persones, du nombre desquelles je suis, attacheroient ici le plus grand prix à la possibilité [2] de se procurer des livres imprimés au Japon. Si M. Siebold veut se charger de ces sortes de commissions, il peut d’avance être assuré de toute notre reconnoissance.
Vous aurez sans-doute été informé de l’activité toute nouvelle que l’etude du Sanskrit vient de prendre à Paris. Vous en êtes, Monsieur, la cause indirecte et l’occasion. La présence d’un de Vos elèves a produit cet heureux effet: jugez de ce qu’auroit fait celle du Maitre. L’association de M. Lassen avec M. Burnouf a déja donné naissance à un bon ouvrage, et j’espère que l’Essai sur le Pali méritera d’être honoré de Vos encouragemens. Sans la publication de ces recherches, que la Société Asiatique s’est empressé d’adopter, jamais Sacontala n’auroit pensé à voir le jour; et quant à Yadjnadatta, on avoit déja annoncé que la première livraison paroitroit en même tems que la dernière du Ramayana. Permettez-moi de Vous demander où en est ce dernier ouvrage. Je commence à rassembler les matériaux du rapport que je dois lire à la Séance générale du mois d’avril: il me seroit fort agréable de tenir de Vous directement les moyens de ne pas commettre de bévue en y parlant de Vos nobles et importantes entreprises. Je serois charmé aussi de contribuer [3] à confondre les incrédules, s’il en reste encore quelqu’un qui soit de bonne foi.
Vous avez bien voulu agréer l’hommage du 1er vol. de mes Mélanges Asiatiques: permettez-moi de Vous offrir maintenant le 2d. J’ai honte de n’avoir à Vous présenter que de pareilles bagatelles. tandis-que je tiens de Vous des morceaux si originaux et si neufs C’est un Commerce inégal que le notre: tout l’avantage est de mon coté, aussi suis-je celui des deux qui desireroit le plus vivement qu’il fut sujet à moins d’obstacles et put devenir un peu moins rare.
Veuillez, je Vous prie, recevoir la+ nouvelle assurance des sentimens de haute estime et de considération très distinguée avec lesquels je suis,
Monsieur,
Votre très humble & très obéissant serviteur,
JP. Abel-Rémusat
[4][leer]