• Auguste Louis de Staël-Holstein to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Coppet · Place of Destination: Heidelberg · Date: 24.06.1818
Edition Status: Newly transcribed and labelled; double collated
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Auguste Louis de Staël-Holstein
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Coppet
  • Place of Destination: Heidelberg
  • Date: 24.06.1818
  • Notations: Empfangsort erschlossen.
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: DE-611-36979
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.26,Nr.23
  • Number of Pages: 4 S. auf Doppelbl., hs.
  • Format: 19,3 x 11,9 cm
  • Incipit: „[1] Coppet 24 Juin. 1818.
    Plusieurs occupations de gentilhomme campagnard mʼont empêché de Vous écrire plus tôt, mon cher Schlegel; et [...]“
    Language
  • French
    Editors
  • Golyschkin, Ruth
  • Stieglitz, Clara
[1] Coppet 24 Juin. 1818.
Plusieurs occupations de gentilhomme campagnard mʼont empêché de Vous écrire plus tôt, mon cher Schlegel; et je suis bien empressé de rattraper le tems perdu - Me voici maintenant bien installé dans la vie de
Coppet et décidé à employer de mon mieux le tems que jʼy passerai - Cʼest à benir ma mere tous les jours de ce quʼen mʼimposant le travail qui mʼoccupe elle me force à reprendre une vie dʼétude. Soit paresse soit surtout sentiment de mon extrême insuffisance je ne me serois jamais mis à lʼoeuvre; car il me manque pour ecrire, comme vous me le disiez si bien, du savoir et des idées, à cela près tout iroit bien: mais il nʼy a pas à transiger avec un devoir sacré pour moi; et si je ne réussis pas jʼaurai du moins profité par mes efforts. Je Vous jure quʼen examinant de [2] plus près la vie privée de mon grand pere, ses correspondances diverses, jʼai le coeur serré de voir combien on est loin encore de lui rendre justice, même après lʼouvrage de ma mere. Et pourtant comment se flatter de rien ajouter à lʼimpression quʼelle a produite - Le journal de Commerce nʼa pas pu y tenir, il a dévoilé son bonapartisme en insérant une misérable et platte diatribe de M. de Segur contre lʼouvrage. Il parait que le mot sur le code de lʼétiquette imperiale lʼa blessé au vif - A vrai dire je suis charmé que la glace soit rompue; cʼest fort bien de tendre la main aux gens de toutes les couleurs quand il sʼagit de les défendre contre des réactions: mais il faut aussi que le jour de la justice arrive et que le bonapartisme soit fletri comme il le mérite. Cʼest encore là lʼennemi le plus redoutable que la liberté ait à combattre: [3] jʼentends le systéme - Jʼai lu avec beaucoup dʼattention votre derniere lettre à Mlle Randall: Vous nʼavez certes pas besoin de nous rappeller que Vous faites partie de notre famille; Votre place est et sera toujours prête et quand il Vous plaira de revenir on tuera le veau gros - Du reste Vous nʼêtes pas assez fier de Votre talent epistolaire: si je voulois être impertinent je Vous dirois que Vos lettres ont tous les avantages qui manquent à Votre conversation outre ceux qui nʼappartiennent quʼà Vous - Si Vos affaires Vous laissent quelque liberté je Vous demande dʼaller faire une autre course à Wisbaden; Vous y trouverez Mad. de Ste A. qui desire beaucoup Vous voir; et Vous me rendriez fort heureux en me donnant des nouvelles détaillées de sa santé dont elle a beaucoup trop peu de soin - Albertine est bien rétablie de ses couches; ses deux enfants sont à merveille. Je crois que ma pupille aura [4] moins de vivacité que Pauline.
Messrs Delessert mʼont donné avis dʼune traite de Vous qui se monte à 2,020f avec les frais, je lʼai fait acquiter à lʼinstant - Adieu mille bien tendres amitiés.
[1] Coppet 24 Juin. 1818.
Plusieurs occupations de gentilhomme campagnard mʼont empêché de Vous écrire plus tôt, mon cher Schlegel; et je suis bien empressé de rattraper le tems perdu - Me voici maintenant bien installé dans la vie de
Coppet et décidé à employer de mon mieux le tems que jʼy passerai - Cʼest à benir ma mere tous les jours de ce quʼen mʼimposant le travail qui mʼoccupe elle me force à reprendre une vie dʼétude. Soit paresse soit surtout sentiment de mon extrême insuffisance je ne me serois jamais mis à lʼoeuvre; car il me manque pour ecrire, comme vous me le disiez si bien, du savoir et des idées, à cela près tout iroit bien: mais il nʼy a pas à transiger avec un devoir sacré pour moi; et si je ne réussis pas jʼaurai du moins profité par mes efforts. Je Vous jure quʼen examinant de [2] plus près la vie privée de mon grand pere, ses correspondances diverses, jʼai le coeur serré de voir combien on est loin encore de lui rendre justice, même après lʼouvrage de ma mere. Et pourtant comment se flatter de rien ajouter à lʼimpression quʼelle a produite - Le journal de Commerce nʼa pas pu y tenir, il a dévoilé son bonapartisme en insérant une misérable et platte diatribe de M. de Segur contre lʼouvrage. Il parait que le mot sur le code de lʼétiquette imperiale lʼa blessé au vif - A vrai dire je suis charmé que la glace soit rompue; cʼest fort bien de tendre la main aux gens de toutes les couleurs quand il sʼagit de les défendre contre des réactions: mais il faut aussi que le jour de la justice arrive et que le bonapartisme soit fletri comme il le mérite. Cʼest encore là lʼennemi le plus redoutable que la liberté ait à combattre: [3] jʼentends le systéme - Jʼai lu avec beaucoup dʼattention votre derniere lettre à Mlle Randall: Vous nʼavez certes pas besoin de nous rappeller que Vous faites partie de notre famille; Votre place est et sera toujours prête et quand il Vous plaira de revenir on tuera le veau gros - Du reste Vous nʼêtes pas assez fier de Votre talent epistolaire: si je voulois être impertinent je Vous dirois que Vos lettres ont tous les avantages qui manquent à Votre conversation outre ceux qui nʼappartiennent quʼà Vous - Si Vos affaires Vous laissent quelque liberté je Vous demande dʼaller faire une autre course à Wisbaden; Vous y trouverez Mad. de Ste A. qui desire beaucoup Vous voir; et Vous me rendriez fort heureux en me donnant des nouvelles détaillées de sa santé dont elle a beaucoup trop peu de soin - Albertine est bien rétablie de ses couches; ses deux enfants sont à merveille. Je crois que ma pupille aura [4] moins de vivacité que Pauline.
Messrs Delessert mʼont donné avis dʼune traite de Vous qui se monte à 2,020f avec les frais, je lʼai fait acquiter à lʼinstant - Adieu mille bien tendres amitiés.
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