• August Wilhelm von Schlegel to François-Just-Marie Raynouard

  • Place of Dispatch: Paris · Place of Destination: Paris · Date: [Jahreswende 1817/18]
Edition Status: Single collated printed full text with registry labelling
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: François-Just-Marie Raynouard
  • Place of Dispatch: Paris
  • Place of Destination: Paris
  • Date: [Jahreswende 1817/18]
  • Notations: Datum sowie Absendeort erschlossen.
    Printed Text
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: 343347008
  • Bibliography: Briefe von und an August Wilhelm Schlegel. Gesammelt und erläutert durch Josef Körner. Bd. 1. Zürich u.a. 1930, S. 319‒320.
  • Incipit: „[1] [Paris, Wende 1817/18]
    Monsieur
    Vous avez sans doute examiné mieux que moi les avantages et les inconvénients de lʼintroduction des accents dans [...]“
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: DE-611-37174
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XX,Bd.6,Nr.49(1)
  • Number of Pages: 2 S., hs. m. U.
  • Format: 23,9 x 18,8 cm
    Language
  • French
[1] [Paris, Wende 1817/18]
Monsieur
Vous avez sans doute
examiné mieux que moi les avantages et les inconvénients de lʼintroduction des accents dans la langue des Troubadours. Permettez moi cependant de revenir à la charge sur plusieurs autres points.
Je propose lʼemploi du tiret: 1° à lʼégard de ce que vous appelez les Affixes. Lʼœil est singulierement choqué de voir une consonne isolée figurer comme un mot à part. La regle est que la voyelle des pronoms
me, te, se, est élidée malgré la consonne suivante, quand une voyelle les précède. Ainsi je pense quʼil seroit naturel dʼécrire les nom, sim, etc. des manuscrits: no-mʼ, si-mʼ, etc.
2°. Lorsque plusieurs mots composent une locution adverbiale p. ex.: a-pauc, pour:
peu sʼen faut que, etc., comme dans: peut-être.
3°. Lorsque la voyelle finale dʼun mot, et la voyelle initiale du mot suivant, ne forment quʼune seule syllabe, sans quʼil y ait élision; par ex.
no-us.
Comme la langue provençale a une grande puissance de contraction, et quʼelle a beaucoup de diphthongues et même de triphthongues, les cas ou deux voyelles qui se suivent immédiatement dans le même mot, forment deux syllabes
[2] sont une exception, dont le lecteur a besoin dʼêtre averti. Les points de diérèse répondroient à ce but, ils pourroient être placés selon les cas différents sur la première ou sur la seconde des deux voyelles. Autrefois on les employoit ainsi dans le François.
Je propose aussi de regulariser lʼorthographe. Vous dites dans
Votre excellente grammaire que les variations de lʼorthographe proviennent de celles de la prononciation. Sans doute, il y a quelques unes de cette nature, comme cantar et chantar mais je les attribuerois moins à des variétés locales quʼà une fluctuation générale de la langue entre les formes méridionales, et celles qui furent ensuite adoptées dans la langue françoise. Quand même toutes les variations de lʼorthographe appartiendroient à cette espèce, elles ne nous feroient connoître que la prononciation du copiste, et non pas celle du poète. Mais les mêmes manuscrits varient sans cesse. On voit donc que ce sont des tentatives pour exprimer de différentes manières le même son pour lequel lʼalphabet latin ne fournissoit pas une lettre particuliere. Je vois le ge des Italiens exprimé de quatre manières différentes: salvaie, salvatie, salvage, salvatge. Je préférerois la dernière. Il en est de même du l mouillé, et du n mouillé.
Je nʼose pas revenir sur les accents. Cependant la facilité quʼils procureroient de distinguer les homonymes, me paroît un grand avantage.
Veuillez agréer, Monsieur, lʼhommage de ma considération la plus distinguée.
V.[otre] tr.[ès] h.[umble] et tr.[ès] ob[éissan]t serviteur
A. W. de Schlegel
[1] [Paris, Wende 1817/18]
Monsieur
Vous avez sans doute
examiné mieux que moi les avantages et les inconvénients de lʼintroduction des accents dans la langue des Troubadours. Permettez moi cependant de revenir à la charge sur plusieurs autres points.
Je propose lʼemploi du tiret: 1° à lʼégard de ce que vous appelez les Affixes. Lʼœil est singulierement choqué de voir une consonne isolée figurer comme un mot à part. La regle est que la voyelle des pronoms
me, te, se, est élidée malgré la consonne suivante, quand une voyelle les précède. Ainsi je pense quʼil seroit naturel dʼécrire les nom, sim, etc. des manuscrits: no-mʼ, si-mʼ, etc.
2°. Lorsque plusieurs mots composent une locution adverbiale p. ex.: a-pauc, pour:
peu sʼen faut que, etc., comme dans: peut-être.
3°. Lorsque la voyelle finale dʼun mot, et la voyelle initiale du mot suivant, ne forment quʼune seule syllabe, sans quʼil y ait élision; par ex.
no-us.
Comme la langue provençale a une grande puissance de contraction, et quʼelle a beaucoup de diphthongues et même de triphthongues, les cas ou deux voyelles qui se suivent immédiatement dans le même mot, forment deux syllabes
[2] sont une exception, dont le lecteur a besoin dʼêtre averti. Les points de diérèse répondroient à ce but, ils pourroient être placés selon les cas différents sur la première ou sur la seconde des deux voyelles. Autrefois on les employoit ainsi dans le François.
Je propose aussi de regulariser lʼorthographe. Vous dites dans
Votre excellente grammaire que les variations de lʼorthographe proviennent de celles de la prononciation. Sans doute, il y a quelques unes de cette nature, comme cantar et chantar mais je les attribuerois moins à des variétés locales quʼà une fluctuation générale de la langue entre les formes méridionales, et celles qui furent ensuite adoptées dans la langue françoise. Quand même toutes les variations de lʼorthographe appartiendroient à cette espèce, elles ne nous feroient connoître que la prononciation du copiste, et non pas celle du poète. Mais les mêmes manuscrits varient sans cesse. On voit donc que ce sont des tentatives pour exprimer de différentes manières le même son pour lequel lʼalphabet latin ne fournissoit pas une lettre particuliere. Je vois le ge des Italiens exprimé de quatre manières différentes: salvaie, salvatie, salvage, salvatge. Je préférerois la dernière. Il en est de même du l mouillé, et du n mouillé.
Je nʼose pas revenir sur les accents. Cependant la facilité quʼils procureroient de distinguer les homonymes, me paroît un grand avantage.
Veuillez agréer, Monsieur, lʼhommage de ma considération la plus distinguée.
V.[otre] tr.[ès] h.[umble] et tr.[ès] ob[éissan]t serviteur
A. W. de Schlegel
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