Voila, Monsieur, Cluwer, Rickius & Ennius. Vous savês que je nʼai pas Beaufort; sʼil est à la Bible publique je vous lʼenverrai incéssament. Je crois que la meilleure preuve quʼon puisse alléguer pour prouver que les chevaux de Venise ont fait partie dʼun quadrige, est leur réssemblance & celle de leur allure.
Je suis moins dʼaccord avec vous sur la dorure. Je crois que les bracteæ étaient des feuilles dʼor plus èpaisses que celles dont on se sert maintenant, mais toujours asséz minces pour lʼappliquer par un mordant. Il ne paraît pas que les anciens aient connu le dorage par lʼamalgame & le feu. Je puis bien concevoir quʼon a pu couvrir de plaques dʼor & dʼargent des meubles tels que des lits, mais jʼai peine à croire que επιχρυσος signifie nècéssairement une pareille couverture & encore moins quʼon ait pu envelopper ainsi des statues
Il me parait impossible de déterminer lʼartiste qui a êxécuté ces Chevaux. On peut exclure ceux dont on sait que le style ne sʼaccordait pas avec leurs formes, mais cette maniere négative de proceder ne conduit à rien de positif. Nous nʼavons aucun monument de Lysippe ni de ces éleves qui puisse établir une comparaison & tout ce [2] quʼon peut dire cʼest que rien ne prouve quʼils ne soient pas de lʼécole de Lysippe.
Jʼai deja fait quelques notes pour mon usage de lʼouvrage de Mr Mustoxidi, je verrai si je puis achever cet extrait & y joindre celui de votre lettre. Je vous enverrai peut etre cela un de ces jours en vous priant dʼy jetter un coup dʼœil.
Croyes-moi, Monsieur, tout à vous
Favre Bd