• Guillaume Favre to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Genf · Place of Destination: Paris · Date: 06.11.1817
Edition Status: Newly transcribed and labelled; double collated
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Guillaume Favre
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Genf
  • Place of Destination: Paris
  • Date: 06.11.1817
  • Notations: Empfangsort erschlossen.
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: DE-1a-33563
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.8,Nr.40
  • Number of Pages: 4S. auf Doppelbl., hs. m. U.
  • Format: 23,9 x 19,1 cm
  • Incipit: „[1] Geneve 6 Nove 1817.
    Jʼai une bien grande reconnaissance, Monsieur, pour tout le travail que vous avés eu la bonté [...]“
    Language
  • French
  • Latin
  • Greek
    Editors
  • Dänekas, Laura
  • Stieglitz, Clara
[1] Geneve 6 Nove 1817.
Jʼai une bien grande reconnaissance, Monsieur, pour tout le travail que vous avés eu la bonté de faire pour moi & pour la lettre que vous y aves ajoutée. Je suis honteux de vous donner tant de peines & je voudrais bien vous les éviter en allant passer quelques semaines dans le bon pays où vous êtes, pour vous voir & travailler sous votre direction. Je vous remercie des corrections du texte publié par lʼ
Abbé Mai, si vous y jettes encore les yeux & quʼil vous en vienne dʼautres marqués les moi & permettez moi, si lʼoccasion sʼen présente, de me parer de ces plumes du Paon. lʼAbbé Mai est savant, surtout infatigable, mais il précipite son travail dʼune façon impardonnable. Vous ai-je dit que je lui avais indiqué les 32 premiers Chapitres de son Itiner. Alex. imprimès dans Muratori & quʼil ne les y savais pas. Cela lʼintéressait dʼautant plus que lʼimprimè prouve évidemment quʼil y a eu à lʼAmbrosienne un autre MS, séparé du Julius Valerius & très différent de celui quʼa employé Mr Mai.
Vous avés la bontë de me promettre quelques renseignemens sur le Ms. N°.8518 & je les recevrai avec beaucoup de plaisir. Il est important de savoir sʼil contient
exactement le même metrage que le N°.4880. ce dernier est le seul qui porte le nom de Julius Valerius & les autres peuvent être des traductions différentes ou des imitations du même ouvrage grec. On sʼappercoit facilement des différences. par Exemple le faux Callisthene a écrit ραβδον εβελλινην & je sais par DuCange & Mr Mai que Julius Valerius avait traduit tamarisci virgam. le N°.4877, Vincent de Beauvais & dʼautres qui se sont servi dʼun Ms. semblable ont écrit virgulam ex ligno hebeni, tandis que lʼHebreu de Josippon dit ramos palmarum & un Ms de la Bibl. de Bodlei virgam æneam Il ne faut donc remplir les lacunes du Julius Valerius que par un texte qui soit bien de cet auteur. Je suis cependant trés porté à croire quʼon peut, faute de mieux, [2] suppléer la lacune du commencement par les Ms. 4877 ou 8518 par ce que leurs auteurs ou copistes paraissent avoir moins abregé le début de lʼouvrage que les parties qui suivent.
Je desire beaucoup que vous ayês la bontè de vèrifier si le fragment Grec qui se trouve dans les
notes de Berkelius sur Stephanus Byzantinus & que Fabricius a reimprimè Bibl. Gr. XIV. p.148 est véritablement un morceau du Callisthène Grec N°.1685. Sʼils diffèrent je souhaiterais quelques lignes du Callisthêne grec.
Siméon Seth était dʼAntioche & écrivait à Constantinople au XIe siecle. Il a traduit en Grec lʼHitopades. Peut être pourriês vous avoir quelque ecclaircissement sur ce qui a pu faire dire â Fabricius quʼil avait traduit du Persan en Grec le faux Callisthêne, en vous adressant à Mr Langlès ou à Mr Silvestre de Sacy. Jʼai eu il y a dix ans quelque relation avec ce dernier & sʼil se rapellait de moi vous mʼobligeriés de lʼassurer de mon respect.
Je croirais assès volontiers que les fables du voyage dʼ
Alexandre dans les Airs & de sa descente dans la mer ont été ajoutées par les occidentaux dans des tems peu anciens. Je les trouve dans le Rythmus sur St Annon, dans les excerptes dʼOpitius, dans Josippon, juif de France, dans les Ms de Bodlei & dans les romans français & Espagnol. Cependant il est question du voyage dans lʼair, dans la Chronique Samaritaine qui porte le titre de livre de Josué & qui parait être une traduction (,vraisemblablement interpolée & faite aprês les tems de Mahomet) sur un texte que lʼon conjecture avoir été redigè au 3e siecle. Il serait curieux de savoir si ces fables sont dans quelques uns des Ms Grecs ou latins particulierement dans le N°.6831 latin que St Croix représente comme le plus fabuleux de tous. Le Catalogue de la Bibl. Royale indique Dix Ms latins quʼil prèsente comme des versions du faux Callisthene (N°.5062.-5873-6831.-8501-8514.-8515-8518-8519-8520-6041). Parmi ces Ms. le N°.8501 offre le poëme [3] en vers latins de Qualichino ou Wilichino, & si vous pouriés mʼen faire connaitre quelques Vers vous me feriés plaisir.
La
Bibliothèque Royale doit avoir parmi ses livres imprimés Historia Alexandri de præliis, qui doit différer assès peu du N°.4877. Fabricius dit que Hartlieb Moller le traduisit en Allemand en annonçant que cette histoire était tirèe dʼEusèbe. Ce livre a été souvent imprimé, Mr Mai dʼaprès un de ses amis dit p.239, Hartliebi interpretationem aliunde omnino quam ex Julio Valerio esse expressam. Mr Hase connaitrait peut etre ce livre dʼHartlieb?-
Ne croyès pas, Monsieur, que je vous adresse ces monstreuses
xxx demandes pour avoir toutes les réponses quʼelles semblent éxiger. Je nʼai pas craint de vous faire des questions, par ce quʼil est entendu que vous ne resoudrés que celles qui pourront lʼêtre sans vous trop dètourner de vos importantes occupations. Je ne compte point faire une dissertation en forme sur ces traditions fabuleuses, mais je desire pouvoir indiquer dans mon article lʼétènduë quʼelles ont embrassé. On a fait trois grandes Classes des Romans de Chevalerie, ceux de la table Ronde, ceux sur Charlemage & sur les Amadis. Il me semble quʼon pourrait ajouter une quatrieme classe composèe de ceux sur Alexandre. Son histoire a été plusieurs fois traitèe â la maniere des Romans de Chevalerie & xxx ils se trouvent soutenus par tant dʼouvrages en différentes langues que cette classe est une des plus considérables.
Les vers contenus dans le
Julius Valerius sont détestables, mais la généalogie des rois dʼEpire est asses curieuse sous le rapport de lʼhistoire. Il me semble que lʼEtat de ces vers peut faire croire quʼils étaient règuliers en Grec mais que le traducteur nʼa pas pu les traduire rendre en les assujetissant à la mesure. Si cela était on devrait placer Julius Valerius loin du siecle quatrieme où lʼon faisait encore de bons vers.
Mon écriture & ma lettre se réssentent de la hâte avec
[4] la quelle je lʼécris: Je vous en fais mes excuses. Je nʼai pas voulu que mes remerciements tardâssent plus longtems â vous parvenir & je vous prie, Monsieur, de croire à ma reconnaissance & à tous mes sentimens dʼestime & dʼattachement.
G
me Favre Bertrand
on grave à
Milan des Caracteres Mæsogothiques
-
Dites moi quelque chose de
Mad. de Broglie, de Mlle Randall & de Sismondi.- vous voila avec la Chambre des Deputés ouverte; cela sera intèréssant- quʼest ce quʼon va dire du Concordat qui nous renvoye à trois siecles en arriere- On a dit hier la mort de Bonaparte.-
[1] Geneve 6 Nove 1817.
Jʼai une bien grande reconnaissance, Monsieur, pour tout le travail que vous avés eu la bonté de faire pour moi & pour la lettre que vous y aves ajoutée. Je suis honteux de vous donner tant de peines & je voudrais bien vous les éviter en allant passer quelques semaines dans le bon pays où vous êtes, pour vous voir & travailler sous votre direction. Je vous remercie des corrections du texte publié par lʼ
Abbé Mai, si vous y jettes encore les yeux & quʼil vous en vienne dʼautres marqués les moi & permettez moi, si lʼoccasion sʼen présente, de me parer de ces plumes du Paon. lʼAbbé Mai est savant, surtout infatigable, mais il précipite son travail dʼune façon impardonnable. Vous ai-je dit que je lui avais indiqué les 32 premiers Chapitres de son Itiner. Alex. imprimès dans Muratori & quʼil ne les y savais pas. Cela lʼintéressait dʼautant plus que lʼimprimè prouve évidemment quʼil y a eu à lʼAmbrosienne un autre MS, séparé du Julius Valerius & très différent de celui quʼa employé Mr Mai.
Vous avés la bontë de me promettre quelques renseignemens sur le Ms. N°.8518 & je les recevrai avec beaucoup de plaisir. Il est important de savoir sʼil contient
exactement le même metrage que le N°.4880. ce dernier est le seul qui porte le nom de Julius Valerius & les autres peuvent être des traductions différentes ou des imitations du même ouvrage grec. On sʼappercoit facilement des différences. par Exemple le faux Callisthene a écrit ραβδον εβελλινην & je sais par DuCange & Mr Mai que Julius Valerius avait traduit tamarisci virgam. le N°.4877, Vincent de Beauvais & dʼautres qui se sont servi dʼun Ms. semblable ont écrit virgulam ex ligno hebeni, tandis que lʼHebreu de Josippon dit ramos palmarum & un Ms de la Bibl. de Bodlei virgam æneam Il ne faut donc remplir les lacunes du Julius Valerius que par un texte qui soit bien de cet auteur. Je suis cependant trés porté à croire quʼon peut, faute de mieux, [2] suppléer la lacune du commencement par les Ms. 4877 ou 8518 par ce que leurs auteurs ou copistes paraissent avoir moins abregé le début de lʼouvrage que les parties qui suivent.
Je desire beaucoup que vous ayês la bontè de vèrifier si le fragment Grec qui se trouve dans les
notes de Berkelius sur Stephanus Byzantinus & que Fabricius a reimprimè Bibl. Gr. XIV. p.148 est véritablement un morceau du Callisthène Grec N°.1685. Sʼils diffèrent je souhaiterais quelques lignes du Callisthêne grec.
Siméon Seth était dʼAntioche & écrivait à Constantinople au XIe siecle. Il a traduit en Grec lʼHitopades. Peut être pourriês vous avoir quelque ecclaircissement sur ce qui a pu faire dire â Fabricius quʼil avait traduit du Persan en Grec le faux Callisthêne, en vous adressant à Mr Langlès ou à Mr Silvestre de Sacy. Jʼai eu il y a dix ans quelque relation avec ce dernier & sʼil se rapellait de moi vous mʼobligeriés de lʼassurer de mon respect.
Je croirais assès volontiers que les fables du voyage dʼ
Alexandre dans les Airs & de sa descente dans la mer ont été ajoutées par les occidentaux dans des tems peu anciens. Je les trouve dans le Rythmus sur St Annon, dans les excerptes dʼOpitius, dans Josippon, juif de France, dans les Ms de Bodlei & dans les romans français & Espagnol. Cependant il est question du voyage dans lʼair, dans la Chronique Samaritaine qui porte le titre de livre de Josué & qui parait être une traduction (,vraisemblablement interpolée & faite aprês les tems de Mahomet) sur un texte que lʼon conjecture avoir été redigè au 3e siecle. Il serait curieux de savoir si ces fables sont dans quelques uns des Ms Grecs ou latins particulierement dans le N°.6831 latin que St Croix représente comme le plus fabuleux de tous. Le Catalogue de la Bibl. Royale indique Dix Ms latins quʼil prèsente comme des versions du faux Callisthene (N°.5062.-5873-6831.-8501-8514.-8515-8518-8519-8520-6041). Parmi ces Ms. le N°.8501 offre le poëme [3] en vers latins de Qualichino ou Wilichino, & si vous pouriés mʼen faire connaitre quelques Vers vous me feriés plaisir.
La
Bibliothèque Royale doit avoir parmi ses livres imprimés Historia Alexandri de præliis, qui doit différer assès peu du N°.4877. Fabricius dit que Hartlieb Moller le traduisit en Allemand en annonçant que cette histoire était tirèe dʼEusèbe. Ce livre a été souvent imprimé, Mr Mai dʼaprès un de ses amis dit p.239, Hartliebi interpretationem aliunde omnino quam ex Julio Valerio esse expressam. Mr Hase connaitrait peut etre ce livre dʼHartlieb?-
Ne croyès pas, Monsieur, que je vous adresse ces monstreuses
xxx demandes pour avoir toutes les réponses quʼelles semblent éxiger. Je nʼai pas craint de vous faire des questions, par ce quʼil est entendu que vous ne resoudrés que celles qui pourront lʼêtre sans vous trop dètourner de vos importantes occupations. Je ne compte point faire une dissertation en forme sur ces traditions fabuleuses, mais je desire pouvoir indiquer dans mon article lʼétènduë quʼelles ont embrassé. On a fait trois grandes Classes des Romans de Chevalerie, ceux de la table Ronde, ceux sur Charlemage & sur les Amadis. Il me semble quʼon pourrait ajouter une quatrieme classe composèe de ceux sur Alexandre. Son histoire a été plusieurs fois traitèe â la maniere des Romans de Chevalerie & xxx ils se trouvent soutenus par tant dʼouvrages en différentes langues que cette classe est une des plus considérables.
Les vers contenus dans le
Julius Valerius sont détestables, mais la généalogie des rois dʼEpire est asses curieuse sous le rapport de lʼhistoire. Il me semble que lʼEtat de ces vers peut faire croire quʼils étaient règuliers en Grec mais que le traducteur nʼa pas pu les traduire rendre en les assujetissant à la mesure. Si cela était on devrait placer Julius Valerius loin du siecle quatrieme où lʼon faisait encore de bons vers.
Mon écriture & ma lettre se réssentent de la hâte avec
[4] la quelle je lʼécris: Je vous en fais mes excuses. Je nʼai pas voulu que mes remerciements tardâssent plus longtems â vous parvenir & je vous prie, Monsieur, de croire à ma reconnaissance & à tous mes sentimens dʼestime & dʼattachement.
G
me Favre Bertrand
on grave à
Milan des Caracteres Mæsogothiques
-
Dites moi quelque chose de
Mad. de Broglie, de Mlle Randall & de Sismondi.- vous voila avec la Chambre des Deputés ouverte; cela sera intèréssant- quʼest ce quʼon va dire du Concordat qui nous renvoye à trois siecles en arriere- On a dit hier la mort de Bonaparte.-
×