Cher ami je vous écris encore un petit mot avant de quitter Coppet je pars demain. Victor et Auguste sont déjà à Paris depuis dix jours. Il parait que le ministère est assez agité et quʼil y aura peut être un changement je ne quitte jamais Coppet sans tristesse et la raison y est si belle que cela augmente mon regret. Vos affaires mʼinquietent, dʼaprès tout ce que vous me dites je crains que cette femme ne soit pas grand chose comme délicatesse.
Lʼannée prochaine je [2] tacherai de venir de bonne heure. Dites moi si vous croyez que lʼon pourroit traduire Herder en François avec quelque succes, par exemple son morceau sur la poésie Hebraique. Je voudrois savoir votre opinion là dessus. Victor a pris cette année beaucoup de gout pour la philosophie de Kant, mais il faudroit plus de tems que je nʼen ai pour vous parler de cela. Ma santé nʼest pas encore bien bonne, mes nerfs sont toujours en mauvais étât, mais cela nʼest pas serieux. [3] mes petites filles se portent à ravir et sont charmantes. Je voudrois vous les montrer la cadette a les yeux bleus et les cheveux blonds comme une fille du Nord. Adieu cher bon ami écrivez moi à Paris dans mon ancienne adresse le plutôt que vous pourrez vos lettres me font grandissime plaisir. répondez moi sur Herder, mais surtout parlez moi de vos affaires de tout ce qui vous interesse, Mlle Mendelsohn a passé ici avec son éleve nous avons parlé de vous elle mʼa plu beaucoup je compte la voir cet hyver. Mr Favre vous dit [4] mille choses. Adieu encore mille amitiés.