Jʼai bien des torts envers vous, My dear Sir, mais je nʼen ai pas depuis trois semaines dans mon silence, car jʼai voulu toujours vous écrire, mais jʼai été prise par un mal dʼoreille très peu important en lui même, mais excessivement douloureux, douloureux surtout quand jʼécris, je vais un peu mieux quoique je ne soye pas guerie et que jʼaye même encore quelques terreurs de devenir un peu sourde, je ne veux pourtant pas attendre plus long tems pour vous donner de nos nouvelles jʼai été ici [2] toute seule pendant un mois, mais Victor est arrivé depuis quatre jours ce qui a fort emballe ma solitude. Il est enchanté de son voyage dʼAngleterre, il a été reçu à merveille, il a beaucoup vu, beaucoup écouté, et est revenu très anglomane tout en sentant fort bien ce quʼil y a dans ce pays là dʼinapplicable aux autres et en étant très frappé de lʼesprit aristocratique. Auguste y restera encore trois mois si une force majeure ne le rappelle. Il a bien besoin dʼêtre ranimé et soutenu Auguste sa vie et ses forces sʼusent dans une penible lutte où il nʼa ni [3] la puissance du mal ni le calme du bien. Il est dans lʼétât que je lisais lʼautre jour dans Fenelon dʼun serieux mou où les passions regnent tristement. Victor a quitté sans peine la session où comme vous voyez il ne se fait rien de bon ni dʼinteressant. Vous aurez été content du succes immense du tableau de Corinne. Il était dʼautant plus fait pour briller que le sallon était la plus pitoyable chose que lʼon puisse se representer. Pardon cher ami si je vous écris une si mauvaise petite lettre mais mon oreille me [4] fait si mal et fait tant de train parceque je crois quʼil faut que jʼen reste là. Cʼest bien bête de ne pas pouvoir sʼoccuper dans une vie solitaire comme nous la menons. Je serai très heureuse pourtant si je me gueris sans être sourde et je vous prie de faire une petite neuvaine à quelque genie Indien pour moi afin que je puisse bien vous entendre quand vous viendrez nous voir. Adieu cher ami pardonnez mon silence et écrivez moi car jʼai bien besoin de savoir de vos nouvelles et que vous mʼaimez toujours.
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Albertine Ida Gustavine de Broglie to August Wilhelm von Schlegel
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Place of Dispatch: Coppet GND · Place of Destination: Bonn GND · Date: 26. Juni [1822]
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Metadata Concerning Header
- Sender: Albertine Ida Gustavine de Broglie
- Recipient: August Wilhelm von Schlegel
- Place of Dispatch: Coppet GND
- Place of Destination: Bonn GND
- Date: 26. Juni [1822]
- Notations: Empfangsort und Datum (Jahr) erschlossen. – Datierung durch archivalische Notiz auf der Handschrift.
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Manuscript
- Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
- OAI Id: DE-611-38973
- Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.4(1),Nr.37
- Number of Pages: 4 S. auf Doppelbl., hs.
- Format: 18 x 11,5 cm
- Incipit: „[1] Coppet. 26. Juin
Jʼai bien des torts envers vous, My dear Sir, mais je nʼen ai pas depuis trois semaines [...]“
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Language
- French
- English
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Editors
- Golyschkin, Ruth
- Stieglitz, Clara
[1] Coppet. 26. Juin
Jʼai bien des torts envers vous, My dear Sir, mais je nʼen ai pas depuis trois semaines dans mon silence, car jʼai voulu toujours vous écrire, mais jʼai été prise par un mal dʼoreille très peu important en lui même, mais excessivement douloureux, douloureux surtout quand jʼécris, je vais un peu mieux quoique je ne soye pas guerie et que jʼaye même encore quelques terreurs de devenir un peu sourde, je ne veux pourtant pas attendre plus long tems pour vous donner de nos nouvelles jʼai été ici [2] toute seule pendant un mois, mais Victor est arrivé depuis quatre jours ce qui a fort emballe ma solitude. Il est enchanté de son voyage dʼAngleterre, il a été reçu à merveille, il a beaucoup vu, beaucoup écouté, et est revenu très anglomane tout en sentant fort bien ce quʼil y a dans ce pays là dʼinapplicable aux autres et en étant très frappé de lʼesprit aristocratique. Auguste y restera encore trois mois si une force majeure ne le rappelle. Il a bien besoin dʼêtre ranimé et soutenu Auguste sa vie et ses forces sʼusent dans une penible lutte où il nʼa ni [3] la puissance du mal ni le calme du bien. Il est dans lʼétât que je lisais lʼautre jour dans Fenelon dʼun serieux mou où les passions regnent tristement. Victor a quitté sans peine la session où comme vous voyez il ne se fait rien de bon ni dʼinteressant. Vous aurez été content du succes immense du tableau de Corinne. Il était dʼautant plus fait pour briller que le sallon était la plus pitoyable chose que lʼon puisse se representer. Pardon cher ami si je vous écris une si mauvaise petite lettre mais mon oreille me [4] fait si mal et fait tant de train parceque je crois quʼil faut que jʼen reste là. Cʼest bien bête de ne pas pouvoir sʼoccuper dans une vie solitaire comme nous la menons. Je serai très heureuse pourtant si je me gueris sans être sourde et je vous prie de faire une petite neuvaine à quelque genie Indien pour moi afin que je puisse bien vous entendre quand vous viendrez nous voir. Adieu cher ami pardonnez mon silence et écrivez moi car jʼai bien besoin de savoir de vos nouvelles et que vous mʼaimez toujours.
Jʼai bien des torts envers vous, My dear Sir, mais je nʼen ai pas depuis trois semaines dans mon silence, car jʼai voulu toujours vous écrire, mais jʼai été prise par un mal dʼoreille très peu important en lui même, mais excessivement douloureux, douloureux surtout quand jʼécris, je vais un peu mieux quoique je ne soye pas guerie et que jʼaye même encore quelques terreurs de devenir un peu sourde, je ne veux pourtant pas attendre plus long tems pour vous donner de nos nouvelles jʼai été ici [2] toute seule pendant un mois, mais Victor est arrivé depuis quatre jours ce qui a fort emballe ma solitude. Il est enchanté de son voyage dʼAngleterre, il a été reçu à merveille, il a beaucoup vu, beaucoup écouté, et est revenu très anglomane tout en sentant fort bien ce quʼil y a dans ce pays là dʼinapplicable aux autres et en étant très frappé de lʼesprit aristocratique. Auguste y restera encore trois mois si une force majeure ne le rappelle. Il a bien besoin dʼêtre ranimé et soutenu Auguste sa vie et ses forces sʼusent dans une penible lutte où il nʼa ni [3] la puissance du mal ni le calme du bien. Il est dans lʼétât que je lisais lʼautre jour dans Fenelon dʼun serieux mou où les passions regnent tristement. Victor a quitté sans peine la session où comme vous voyez il ne se fait rien de bon ni dʼinteressant. Vous aurez été content du succes immense du tableau de Corinne. Il était dʼautant plus fait pour briller que le sallon était la plus pitoyable chose que lʼon puisse se representer. Pardon cher ami si je vous écris une si mauvaise petite lettre mais mon oreille me [4] fait si mal et fait tant de train parceque je crois quʼil faut que jʼen reste là. Cʼest bien bête de ne pas pouvoir sʼoccuper dans une vie solitaire comme nous la menons. Je serai très heureuse pourtant si je me gueris sans être sourde et je vous prie de faire une petite neuvaine à quelque genie Indien pour moi afin que je puisse bien vous entendre quand vous viendrez nous voir. Adieu cher ami pardonnez mon silence et écrivez moi car jʼai bien besoin de savoir de vos nouvelles et que vous mʼaimez toujours.
[1] Coppet. 26. Juin
Jʼai bien des torts envers vous, My dear Sir, mais je nʼen ai pas depuis trois semaines dans mon silence, car jʼai voulu toujours vous écrire, mais jʼai été prise par un mal dʼoreille très peu important en lui même, mais excessivement douloureux, douloureux surtout quand jʼécris, je vais un peu mieux quoique je ne soye pas guerie et que jʼaye même encore quelques terreurs de devenir un peu sourde, je ne veux pourtant pas attendre plus long tems pour vous donner de nos nouvelles jʼai été ici [2] toute seule pendant un mois, mais Victor est arrivé depuis quatre jours ce qui a fort emballe ma solitude. Il est enchanté de son voyage dʼAngleterre, il a été reçu à merveille, il a beaucoup vu, beaucoup écouté, et est revenu très anglomane tout en sentant fort bien ce quʼil y a dans ce pays là dʼinapplicable aux autres et en étant très frappé de lʼesprit aristocratique. Auguste y restera encore trois mois si une force majeure ne le rappelle. Il a bien besoin dʼêtre ranimé et soutenu Auguste sa vie et ses forces sʼusent dans une penible lutte où il nʼa ni [3] la puissance du mal ni le calme du bien. Il est dans lʼétât que je lisais lʼautre jour dans Fenelon dʼun serieux mou où les passions regnent tristement. Victor a quitté sans peine la session où comme vous voyez il ne se fait rien de bon ni dʼinteressant. Vous aurez été content du succes immense du tableau de Corinne. Il était dʼautant plus fait pour briller que le sallon était la plus pitoyable chose que lʼon puisse se representer. Pardon cher ami si je vous écris une si mauvaise petite lettre mais mon oreille me [4] fait si mal et fait tant de train parceque je crois quʼil faut que jʼen reste là. Cʼest bien bête de ne pas pouvoir sʼoccuper dans une vie solitaire comme nous la menons. Je serai très heureuse pourtant si je me gueris sans être sourde et je vous prie de faire une petite neuvaine à quelque genie Indien pour moi afin que je puisse bien vous entendre quand vous viendrez nous voir. Adieu cher ami pardonnez mon silence et écrivez moi car jʼai bien besoin de savoir de vos nouvelles et que vous mʼaimez toujours.
Jʼai bien des torts envers vous, My dear Sir, mais je nʼen ai pas depuis trois semaines dans mon silence, car jʼai voulu toujours vous écrire, mais jʼai été prise par un mal dʼoreille très peu important en lui même, mais excessivement douloureux, douloureux surtout quand jʼécris, je vais un peu mieux quoique je ne soye pas guerie et que jʼaye même encore quelques terreurs de devenir un peu sourde, je ne veux pourtant pas attendre plus long tems pour vous donner de nos nouvelles jʼai été ici [2] toute seule pendant un mois, mais Victor est arrivé depuis quatre jours ce qui a fort emballe ma solitude. Il est enchanté de son voyage dʼAngleterre, il a été reçu à merveille, il a beaucoup vu, beaucoup écouté, et est revenu très anglomane tout en sentant fort bien ce quʼil y a dans ce pays là dʼinapplicable aux autres et en étant très frappé de lʼesprit aristocratique. Auguste y restera encore trois mois si une force majeure ne le rappelle. Il a bien besoin dʼêtre ranimé et soutenu Auguste sa vie et ses forces sʼusent dans une penible lutte où il nʼa ni [3] la puissance du mal ni le calme du bien. Il est dans lʼétât que je lisais lʼautre jour dans Fenelon dʼun serieux mou où les passions regnent tristement. Victor a quitté sans peine la session où comme vous voyez il ne se fait rien de bon ni dʼinteressant. Vous aurez été content du succes immense du tableau de Corinne. Il était dʼautant plus fait pour briller que le sallon était la plus pitoyable chose que lʼon puisse se representer. Pardon cher ami si je vous écris une si mauvaise petite lettre mais mon oreille me [4] fait si mal et fait tant de train parceque je crois quʼil faut que jʼen reste là. Cʼest bien bête de ne pas pouvoir sʼoccuper dans une vie solitaire comme nous la menons. Je serai très heureuse pourtant si je me gueris sans être sourde et je vous prie de faire une petite neuvaine à quelque genie Indien pour moi afin que je puisse bien vous entendre quand vous viendrez nous voir. Adieu cher ami pardonnez mon silence et écrivez moi car jʼai bien besoin de savoir de vos nouvelles et que vous mʼaimez toujours.
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