J’aurai du vous répondre plutôt, cher et ancien ami; mais vous éxcuserez, si au milieu de la scéne de désolation ou je me trouve, d’autres personnes encore réclament mes premiers soins, et mes plus presentes consolations. Quel événement! Quel malheur! Le deuil régne dans tout le pays; mais il regne surtout dans le cœur des habitants de ce triste chateau que vous avez vu si brillant et si animé. Ma femme est bien, très bien; mieux que je n’aurai osé l’éspérer; ma belle sœur est bien aussi; mais si profondément atteinte, que je déséspére présque qu’elle s’en rétire; l’enfant promet de vivre; C’est tout ce qu’on en peut dire encore. Mlle Randall [2] a été assez malade par suite des soins qu’elle a donnés a Mde de Staël pendant ses couches; mais elle se remet rapidement et dans peu il n’en sera plus question. Le chagrin ne passe pas aussi vite. Je repars pour Paris dans deux jours; vous aviez, si je ne me trompe, des affaires dont le pauvre Auguste surveillait l’accomplissement; voulez vous m’écrire à Paris, et me dire si je puis, en qualité d’éxécuteur testamentaire, vous être bon à quelque chose. Ma femme vous écrira ce jour-ci; pardonnez moi de ne pas m’entretenir plus longtemps avec vous; j’en aurai bien besoin et bien envie. Adieu; portez vous bien; donnez nous de vos nouvelles. Mille amitiés.
V. Broglie
[1] répondu le 4 Janvier 1828