Monsieur,
Je m’empresse de répondre à la lettre que vous avez bien voulu m’adresser le 2 de ce mois. Des affaires importantes m’ont obligé de quitter Coppet plutôt que je ne l’aurais souhaité, et ma femme a été forcée d’y rester plus longtemps qu’elle ne voulait à cause d’une indisposition assez grave de Mlle Randall. Enfin elle s’est mise en route le 3 de ce mois; mais l’indisposition de Mlle Randall s’étant changée en route, en rhumatisme aigre elle a été obligée de se faire soigner à Dijon et de s’y reposer quatre cinq jours ce qui fait qu’elle n’est pas encore arrivée. Je l’attends avec grande impatience.
[2] Puisque vous n’aviez plus aucune autre affaire avec auguste que la pension viagére, celle-ci ne sera pas difficile à régler; je vais m’occuper sur le champ de vous faire remettre la somme de 9.000 f. pour l’acquit de l’année dernière. Je ne sais encore a qui de ma femme ou du pauvre petit auguste restera le soin de s’en acquitter à l’avenir, mais dès que cela sera décidé je vous en informerai.
Nous avons procuré éffectivement dans les archives plusieurs cartons de papiers qui vous appartiennent. J’avais dit à Etienne qui reste concierge à Coppet de les tenir à vôtre disposition; il parait par vôtre lettre que vous desirez les retrouver chez nous, quand vous viendrez nous voir; comme nous avons beaucoup de papiers à faire venir de Coppet, si vous ne me faites rien dire de plus, je dirai qu’on les joigne les vôtres a l’envoi, et j’y trouverai un double plaisir, d’abord à [3] vous rendre un léger service, ensuite à m’assurer que vous viendrez nous voir à Broglie, et que vous ne nous oublierez pas. Venez, Monsieur; nous avons bien besoin de réunir tout ce qui reste de cette maison si glorieuse et maintenant si désolée; la vie est courte, et quelquefois bien cruelle; il faut lui dérober ce qu’on peut.
Veuillez agreer le témoignage de mon si sincère attachement
V. Broglie
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