• Auguste Louis de Staël-Holstein to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Paris · Place of Destination: Bonn · Date: 26.10.1819
Edition Status: Newly transcribed and labelled; double collated
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Auguste Louis de Staël-Holstein
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Paris
  • Place of Destination: Bonn
  • Date: 26.10.1819
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: DE-611-36979
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.26,Nr.39
  • Number of Pages: 3 S. auf Doppelbl., hs. m. Adresse
  • Format: 19,5 x 15,3 cm
  • Incipit: „[1] Paris 26 Octobre 1819
    Je suis coupable, mon cher Schlegel, et dʼautant plus que Vos lettres sont plus aimables; mais [...]“
    Language
  • French
    Editors
  • Golyschkin, Ruth
  • Stieglitz, Clara
[1] Paris 26 Octobre 1819
Je suis coupable, mon cher Schlegel, et dʼautant plus que Vos lettres sont plus aimables; mais ma paresse a pourtant dʼassez bonnes excuses. La révision des épreuves me prend beaucoup de temps dans ce moment-ci, puisque dʼune part jʼimprime
la nouvelle édition de Delphine et que de lʼautre jʼai à lire jusquʼà trois fois les dernières feuilles de la Notice - Joignez à cela lʼagitation qui précède la réunion des Chambres et à laquelle personne ne peut rester étranger; enfin les assises criminelles que je suis régulièrement comme une bonne étude de jurisprudence: voilà, cher ami, de quoi trouver grace à vos yeux.
Baldwin, à qui jʼai écrit, ne mʼa point encore adressé son compte. Aussitôt que je le recevrai, je le ferai payer par les Cazenove et je leur parlerai en même temps des Tottie & Compton de la manière la plus pressante.
Jʼai vu
Forbin, qui mʼassure Vous avoir écrit, et Vous promet [2] dʼici à peu de jours, tous les renseignemens que Vous desirez. Je diffère donc de mʼoccuper de cette affaire jusquʼà de nouveaux ordres de Votre part.
Jʼenverrai par le prochain courier à
Favre Votre morceau sur la philologie indienne. Je lʼai lu avec beaucoup dʼintérêt; Votre conversation mʼavoit mis sur la voie et jʼai été tout fier de nʼêtre pas totalement étranger à la question.
Albertine est, Dieu merci, beaucoup mieux que le printemps dernier, et si elle ne compromet pas par la vie de salon la santé quʼelle a recouvrée, jʼespère quʼelle sera entierement rétablie dans peu de mois. Victor en revanche a été un peu souffrant dʼune sorte dʼengorgement dans les bronches, il a été obligé de se faire mettre un vésicatoire et des sang-sues; mais ces remèdes un peu violens lʼont soulagé.
Que Vous dire, du reste, cher ami? Vous mettez peu dʼintérêt à la politique et cʼest là ce qui absorbe toute les pensées - Un salon où il y a, comme de coutume, quelques tableaux de genre
[3] assez distingués, des figures académiques passées en couleur de brique et des portraits bien parés pour le bal - Voilà du moins ce que jʼai cru voir; mais Forbin crieroit au blasphème sʼil mʼentendoit. La cour et les couvens ont commandé assez de tableaux dʼéglise, mais quʼest ce que cʼest que des sujets religieux traités par des gens peintres qui ne croyent pas en Dieu, et pour le compte de gens qui ne voient dans la religion quʼune arme de parti - Une tragédie nouvelle, les Vêpres siciliennes, a un grand succès. Lʼauteur a été gêné par les éternelles unités, mais il a pourtant trouvé moyen de sortir un peu de ce moule à gaufres où nos tragédies sont jettées depuis si longtemps. Cʼest déja un bien quʼa produit le second théatre françois.
Adieu, cher ami. Voila tout ce que je puis glaner dans mon esprit hors du domaine de la politique. Je nʼose pas Vous parler de Vos affaires, mais Vous devinez ce que
nous en pensons. Il faut que Gentz soit bien changé, sʼil ne se sent pas mal à son aise dans sa peau.
[4] Monsieur
A. W. de Schlegel
à Bonn.
Provinces prussiennes sur le Rhin.
[1] Paris 26 Octobre 1819
Je suis coupable, mon cher Schlegel, et dʼautant plus que Vos lettres sont plus aimables; mais ma paresse a pourtant dʼassez bonnes excuses. La révision des épreuves me prend beaucoup de temps dans ce moment-ci, puisque dʼune part jʼimprime
la nouvelle édition de Delphine et que de lʼautre jʼai à lire jusquʼà trois fois les dernières feuilles de la Notice - Joignez à cela lʼagitation qui précède la réunion des Chambres et à laquelle personne ne peut rester étranger; enfin les assises criminelles que je suis régulièrement comme une bonne étude de jurisprudence: voilà, cher ami, de quoi trouver grace à vos yeux.
Baldwin, à qui jʼai écrit, ne mʼa point encore adressé son compte. Aussitôt que je le recevrai, je le ferai payer par les Cazenove et je leur parlerai en même temps des Tottie & Compton de la manière la plus pressante.
Jʼai vu
Forbin, qui mʼassure Vous avoir écrit, et Vous promet [2] dʼici à peu de jours, tous les renseignemens que Vous desirez. Je diffère donc de mʼoccuper de cette affaire jusquʼà de nouveaux ordres de Votre part.
Jʼenverrai par le prochain courier à
Favre Votre morceau sur la philologie indienne. Je lʼai lu avec beaucoup dʼintérêt; Votre conversation mʼavoit mis sur la voie et jʼai été tout fier de nʼêtre pas totalement étranger à la question.
Albertine est, Dieu merci, beaucoup mieux que le printemps dernier, et si elle ne compromet pas par la vie de salon la santé quʼelle a recouvrée, jʼespère quʼelle sera entierement rétablie dans peu de mois. Victor en revanche a été un peu souffrant dʼune sorte dʼengorgement dans les bronches, il a été obligé de se faire mettre un vésicatoire et des sang-sues; mais ces remèdes un peu violens lʼont soulagé.
Que Vous dire, du reste, cher ami? Vous mettez peu dʼintérêt à la politique et cʼest là ce qui absorbe toute les pensées - Un salon où il y a, comme de coutume, quelques tableaux de genre
[3] assez distingués, des figures académiques passées en couleur de brique et des portraits bien parés pour le bal - Voilà du moins ce que jʼai cru voir; mais Forbin crieroit au blasphème sʼil mʼentendoit. La cour et les couvens ont commandé assez de tableaux dʼéglise, mais quʼest ce que cʼest que des sujets religieux traités par des gens peintres qui ne croyent pas en Dieu, et pour le compte de gens qui ne voient dans la religion quʼune arme de parti - Une tragédie nouvelle, les Vêpres siciliennes, a un grand succès. Lʼauteur a été gêné par les éternelles unités, mais il a pourtant trouvé moyen de sortir un peu de ce moule à gaufres où nos tragédies sont jettées depuis si longtemps. Cʼest déja un bien quʼa produit le second théatre françois.
Adieu, cher ami. Voila tout ce que je puis glaner dans mon esprit hors du domaine de la politique. Je nʼose pas Vous parler de Vos affaires, mais Vous devinez ce que
nous en pensons. Il faut que Gentz soit bien changé, sʼil ne se sent pas mal à son aise dans sa peau.
[4] Monsieur
A. W. de Schlegel
à Bonn.
Provinces prussiennes sur le Rhin.
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