Quoique vous disiez de mon humeur, je sais pourtant que ce que je sens n’est autre chose que la profonde douleur de découvrir dans une aussi belle âme toujours des preuves nouvelles et plus fortes d’une légèreté qui détruit toute confiance en votre amitié. Qu’on a eu raison de dire que les hommes seuls en sonst capables! Quelle est la situation d’un homme dont toute la destinée se compose de cette prétendue amitié, qui occupe une place si subalterne dans votre âme que vous risquez d’y renoncer vous-même, en faveur du plus frivole nouvel engouement! Dans une époche où vous me trouviez infiniment coupable de former des projets pour moi et de ne pas suivre implicitement votre sort, vous avez pensé à passer votre vie avec un autre, à former un lien qui m’exileroit infailliblement de chez vous, après avoir consacré sept années de ma vie à une illusion. Non seulement vous avez eu cette pensée, mais vous l’avez avouée à celui qui en est l’objet [indigne] et vous lui avez, par là, donné des droits sur vous.
Je souhaite sincèrement que tous ces chagrins puissent abréger une vie dont je suis accablé. Tous les soirs enfermé dans ma chambre, je crois être dans un cachot devant la porte duquel se promènent des gens qui se moquent tout haut de ma situation.