Chère amie, j’ai tout épuisé sur T. et B., je ferai ce que vous voulez. S’il en résulte quelque désagrément vous ne me l’attribuerez pas.
Ne vous laissez donc pas effrayer par les messages de M. Cap[elle]. Cet homme ne dit jamais un mot de vrai. Vous en serez déjà convaincue par le rapport que vous aura fait M. Adr[ien]. Qu’il me tarde de vous voir hors de toute relation avec ces misérables espèces!
Je répète ma demande de me faire avoir un passeport vaudois, dûment légalisé. J’ai de l’aversion pour me servir de ce chiffon françois – vous m’avez déjà fait faire un faux pas en le demandant bien contre mon opinion – j’ai donné par là à M. Cap[elle] l’occasion d’écrire des impertinences. Au bout du compte un passeport autrichien que je puis avoir tous les jours fait face à tout. M. Dokose est à la campagne à trois lieues d’ici sur le chemin de Soleure – il n’a point de bureau en ville, on seroit donc proprement dispensé par là de demander son visa. D’ailleurs, je n’ai point besoin de citer d’autre motif, sinon que je veux traverser la Bavière pour me rendre en Autriche. Je ne crois pas nécessaire la précaution dont vous me parlez, mais en tout cas je n’irai le voir que peu de tems avant mon départ. Comme c’est sur le chemin de Soleure, je compte réunir les deux courses en un jour.
La Princesse Lubomirska est arrivée avant-hier et le prince, hier soir. Ils m’ont tranquillisé sur votre santé et sur votre disposition. J’observe à leur égard ce que vous me recommandez.
Je vous prie de dire à M. de Balk que M. Fr. Baader désire beaucoup se mettre en correspondance avec lui. Il m’obligeroit infiniment s’il vouloit me donner l’adresse de cet ami de St. Martin qui est venu quelquefois d’Amboise à Chaumont.
Dites à M. Sismondi que je serois curieux surtout de ses recherches savantes sur la poésie provençale et italienne. Je le prie de vouloir bien tirer de ma bibliothèque les numéros ci-joints; du reste, j’espère qu’elle reste toujours hermétiquement fermée.
Adieu, chère amie, ayez bon courage, le monde vous paroîtra tout autre quand vous aurez changé de point de vue. Mille choses à tout le château.
La calèche est partie ce matin, me voilà redevenu simple particulier. Je m’étonne qu’il ne soit point arrivé de lettres pour moi.