• August Wilhelm von Schlegel to Aleksandr I., Russland, Zar

  • Place of Dispatch: Stockholm · Place of Destination: Sankt Petersburg · Date: [Februar 1813]
Edition Status: Single collated printed full text without registry labelling not including a registry
    Metadata Concerning Header
  • Sender: August Wilhelm von Schlegel
  • Recipient: Aleksandr I., Russland, Zar
  • Place of Dispatch: Stockholm
  • Place of Destination: Sankt Petersburg
  • Date: [Februar 1813]
  • Notations: Ort des Verfassers erschlossen.
    Printed Text
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: 364189924
  • Bibliography: Brandt, Otto: August Wilhelm Schlegel. Der Romantiker und die Politik. Stuttgart u.a. 1919, S. 244‒246.
  • Incipit: „[1] Sire.
    Permettez moi de déposer au pied du trône de V. M. I. le seul hommage quʼun étranger sans rang et [...]“
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: 512512477
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,II,Nr.22
  • Number of Pages: 3 3/4 S.
    Language
  • French
[1] Sire.
Permettez moi de déposer au pied du trône de V. M. I. le seul hommage quʼun étranger sans rang et sans vocation publique puisse vous offrir: celui de mes sentiments cosmopolites.
Une antique philosophie enseignoit que deux principes opposés se disputent lʼempire du monde. Nous avons vu sous nos yeux se déployer la vérité que récèle cette doctrine mystérieuse. Sire, Vous êtes le bon génie de Europe. Le mauvais génie, après avoir épuisé toutes les supercheries pour écarter votre influence bienfaisante, en est venu à la violence ouverte. Dans son aveuglement il a osé lever son glaive dévastateur contre la lance sacrée que Vous prête lʼArchange tutélaire. Yvre encore de ses triomphes illusoires, il a été terrassé: il sʼest enfui, seul après la perte de ses innombrables armées, couvert de honte et de malédictions et le front sillonné de la foudre du [2] courroux celeste. Assailli des plus noirs pressentimens il essaye en vain dans son repaire de forger de nouveaux artifices. Le prestige est détruit; la flatterie blasphématoire qui, en détrônant la Providence, le proclamoit lʼarbitre tout-puissant des destinées, est confondue; son heure est marquée, le genre humain sera vengé.
Sire, après Dieu, votre grand coeur a sauvé le monde civilisé dʼune tyrannie barbare. Les flammes de Moscou, rayonnant au loin sur lʼhorizon européen, sont devenues lʼaurore dʼun nouveau jour pour les peuples opprimés. La grande oeuvre de leur délivrance a été commencée au sein de votre Empire, elle doit être couronnée en Allemagne. LʼAllemagne, a-t-on dit avec raison, étoit le coeur de lʼEurope, et ce coeur étoit gangréné: de là toutes les calamités des vingt dernieres années. LʼAllemagne sous vos auspices et sous ceux de vos alliés, parviendra à se régénérer. Elle redeviendra, ce quʼelle fut jadis, une confédération indépendante, étroitement [3] unie, forte pour la défense, un boulevard inébranlable contre lʼambition.
Jʼose le promettre au nom de mes compatriotes, ils se montreront dignes de lʼintérêt de Votre Majesté Impériale, en imitant le dévouement, le courage héroique et le pieux patriotisme de Vos sujets.
Dès lʼannée 1805 lʼAllemagne Vous vit paroître, Sire, en protecteur généreux, orné de toutes les vertus et de toutes les graces dʼun grand Souverain; elle Vous vit et Vous adora. Les espérances quʼelle conçut alors furent ajournées par votre modération, par votre humanité qui reculoit devant les maux inséparables dʼune lutte aussi terrible; ces espérances se réalisent aujourdʼhui dʼune manière dʼautant plus glorieuse et plus complette.
Lʼécrit que jʼai lʼhonneur de présenter très humblement à Votre Majesté Impériale est destiné à éclairer lʼopinion dans un état allié de la grande cause. Jʼavois consacré ma vie aux paisibles travaux de la pensée, je nʼaspire plus quʼà servir [4] la chose publique en repandant les vérités utiles pour le retablissement du droit des gens et de lʼordre social en Europe. Puisque des sophismes pernicieux ont égaré les nations, les vraies lumieres pourront contribuer à les ramener au sentiment de leur dignité morale. Que les armes invisibles de la vérité viennent donc se ranger sous vos drapeaux pour en seconder les succès presque miraculeux. Lorsque le repos sera rendu à lʼEurope déchirée, la plume la plus éloquente méritera seule la belle tâche de célébrer vos exploits, et dʼexprimer lʼadmiration et la reconnoissance dʼune génération entière.
Je suis etc. etc.
[1] Sire.
Permettez moi de déposer au pied du trône de V. M. I. le seul hommage quʼun étranger sans rang et sans vocation publique puisse vous offrir: celui de mes sentiments cosmopolites.
Une antique philosophie enseignoit que deux principes opposés se disputent lʼempire du monde. Nous avons vu sous nos yeux se déployer la vérité que récèle cette doctrine mystérieuse. Sire, Vous êtes le bon génie de Europe. Le mauvais génie, après avoir épuisé toutes les supercheries pour écarter votre influence bienfaisante, en est venu à la violence ouverte. Dans son aveuglement il a osé lever son glaive dévastateur contre la lance sacrée que Vous prête lʼArchange tutélaire. Yvre encore de ses triomphes illusoires, il a été terrassé: il sʼest enfui, seul après la perte de ses innombrables armées, couvert de honte et de malédictions et le front sillonné de la foudre du [2] courroux celeste. Assailli des plus noirs pressentimens il essaye en vain dans son repaire de forger de nouveaux artifices. Le prestige est détruit; la flatterie blasphématoire qui, en détrônant la Providence, le proclamoit lʼarbitre tout-puissant des destinées, est confondue; son heure est marquée, le genre humain sera vengé.
Sire, après Dieu, votre grand coeur a sauvé le monde civilisé dʼune tyrannie barbare. Les flammes de Moscou, rayonnant au loin sur lʼhorizon européen, sont devenues lʼaurore dʼun nouveau jour pour les peuples opprimés. La grande oeuvre de leur délivrance a été commencée au sein de votre Empire, elle doit être couronnée en Allemagne. LʼAllemagne, a-t-on dit avec raison, étoit le coeur de lʼEurope, et ce coeur étoit gangréné: de là toutes les calamités des vingt dernieres années. LʼAllemagne sous vos auspices et sous ceux de vos alliés, parviendra à se régénérer. Elle redeviendra, ce quʼelle fut jadis, une confédération indépendante, étroitement [3] unie, forte pour la défense, un boulevard inébranlable contre lʼambition.
Jʼose le promettre au nom de mes compatriotes, ils se montreront dignes de lʼintérêt de Votre Majesté Impériale, en imitant le dévouement, le courage héroique et le pieux patriotisme de Vos sujets.
Dès lʼannée 1805 lʼAllemagne Vous vit paroître, Sire, en protecteur généreux, orné de toutes les vertus et de toutes les graces dʼun grand Souverain; elle Vous vit et Vous adora. Les espérances quʼelle conçut alors furent ajournées par votre modération, par votre humanité qui reculoit devant les maux inséparables dʼune lutte aussi terrible; ces espérances se réalisent aujourdʼhui dʼune manière dʼautant plus glorieuse et plus complette.
Lʼécrit que jʼai lʼhonneur de présenter très humblement à Votre Majesté Impériale est destiné à éclairer lʼopinion dans un état allié de la grande cause. Jʼavois consacré ma vie aux paisibles travaux de la pensée, je nʼaspire plus quʼà servir [4] la chose publique en repandant les vérités utiles pour le retablissement du droit des gens et de lʼordre social en Europe. Puisque des sophismes pernicieux ont égaré les nations, les vraies lumieres pourront contribuer à les ramener au sentiment de leur dignité morale. Que les armes invisibles de la vérité viennent donc se ranger sous vos drapeaux pour en seconder les succès presque miraculeux. Lorsque le repos sera rendu à lʼEurope déchirée, la plume la plus éloquente méritera seule la belle tâche de célébrer vos exploits, et dʼexprimer lʼadmiration et la reconnoissance dʼune génération entière.
Je suis etc. etc.
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