• Auguste Louis de Staël-Holstein to August Wilhelm von Schlegel

  • Place of Dispatch: Paris · Place of Destination: Bonn · Date: 27.03.1819 bis 28.03.1819
Edition Status: Newly transcribed and labelled; double collated
    Metadata Concerning Header
  • Sender: Auguste Louis de Staël-Holstein
  • Recipient: August Wilhelm von Schlegel
  • Place of Dispatch: Paris
  • Place of Destination: Bonn
  • Date: 27.03.1819 bis 28.03.1819
  • Notations: Empfangsort erschlossen.
    Manuscript
  • Provider: Dresden, Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek
  • OAI Id: DE-611-36979
  • Classification Number: Mscr.Dresd.e.90,XIX,Bd.26,Nr.31
  • Number of Pages: 7 S. auf Doppelbl., hs.
  • Format: 19,3 x 12,5 cm
  • Incipit: „[1] Paris 27 Mars 1819
    Vous trouverez, mon cher Schlegel, que je Vous paye en monnoie de singe; Vous me demandez [...]“
    Language
  • French
    Editors
  • Golyschkin, Ruth
  • Stieglitz, Clara
[1] Paris 27 Mars 1819
Vous trouverez, mon cher Schlegel, que je Vous paye en monnoie de singe; Vous me demandez de lʼargent et je Vous envoie des brochures de ma façon - Mais votre amitié dʼune part, et lʼimportance
de que ce qui se fait ici a pour lʼEurope entiere, me serviront dʼexcuse - Si Vous pensiez que mon petit écrit sur la Chambre des Députés pût avoir quelque intérêt dans les parties de lʼAllemagne où on sʼoccupe de constitutions je Vous serois bien obligé de le faire traduire. Quant à lʼautre il me paroit trop exclusivement destiné à la France -
Maintenant parlons dʼaffaires. Vous voulez que je Vous envoye 2,000
f; mais il est beaucoup plus simple que Vous tiriez cette somme sur I. Aubernon Agent de Change Rue de Provence N° 56. Il est plus facile de placer à Bonn du papier sur Paris que de trouver ici du papier sur Bonn. [2] Aubernon a de lʼargent à Vous - Jʼai trouvé que dans les crises quʼa éprouvées dernierement le commerce de Londres il étoit imprudent de laisser tout Votre argent chez Tottie & Compton; et dʼaprès Votre autorisation jʼai tiré sur eux £ 600 dont Aubernon Vous payera lʼintérêt à 5% comme faisoient les autres - Jʼespere que Vous mʼapprouverez.
Je nʼai aucune nouvelle de
Baldwin relativement à Vos livres; mais comme je leur avois laissé le choix, suivant ce qui seroit le plus économique, ou de me les envoyer ou de Vous les faire passer directement à Bonn, je suppose quʼils auront pris le dernier parti.
Je Vais Vous expédier dʼici à deux jours une caisse contenant les livres que Vous avez laissés
ici, ceux que jʼai pu obtenir de Delaunay et enfin les diverses galanteries que Vous desirez. [3] Je joindrai à la caisse un petit paquet que Humboldt mʼa remis pour Vous et un nouveau poëme que Le Mercier Vous envoye: la Panhypocrisiade plus extravagant que rien de ce quʼil a fait jusquʼici.
Jʼespere y joindre aussi un exemplaire de
Sir Wm Jones meilleur marché que le prix dont Vous me parlez.
28 Mars.
Jʼai interrompu ma lettre hier, mon cher Schlegel, et je la reprends aujourdhui avec une tristesse plus vive que je ne puis Vous dire. - Il vient de mʼarriver une lettre de
Londres à Votre adresse: je lʼai ouverte dʼaprès Votre autorisation et jʼy trouve la nouvelle que les Tottie & Compton ont suspendu leurs payemens. - Je Vous envoye cette malheureuse lettre et le bilan qui lʼaccompagne; je ne garde que les [4] résolutions du comité des créanciers, par ce que ce papier me sera plus utile quʼà Vous - Je ne saurois Vous dire, mon cher ami, à quel point je suis navré de cette déplorable faillite, et combien jʼinterroge ma conscience pour savoir si jʼai à me reprocher une négligence quelconque. - Il nʼy a pas six semaines que jʼavois pris des informations sur la solidité de cette maison et que lʼon mʼavoit répondu anonimement que sans doute elle nʼétoit pas fort riche, mais très-honnête et très-sûre - Toutefois une sorte de pressentiment mʼa engagé à retirer une partie de Votre argent; mais ce bête de pressentiment est venu trop tard: cʼest le 22 que jʼai tiré sur Londres et cʼest du 23 quʼest datée la lettre qui accompagne la circulaire que je Vous envoye, de telle sorte que ma lettre de change aura été protestée; mais ce nʼest là [5] quʼun bien petit inconvénient à coté de ce qui Vous concerne et ce dont jʼai le coeur amèrement serré -
Vous voyez du reste quelle est la situation. Le passif est de
£ 39200; lʼactif de 30,400, ainsi la faillite nʼest pas tout à fait du quart - Jʼai écrit à lʼinstant à Messrs Cazenove de suivre vos intérêts et de me tenir informé de ce qui se passe: il paroit que les Tottie & Compton sont du moins de parfaitement bonne foi. Lʼenvoi dʼun bilan dès les premiers jours de la suspension des payemens semble le prouver; mais quʼimporte sʼil faut en résultat se soumettre à une perte de 25%. - Je Vous le répète encore, mon cher Schlegel, je suis bien convaincu que cette malheureuse nouvelle Vous attristera moins quʼelle ne me désole - et pourtant je puis me rendre témoignage [6] que jʼaurois mis moins dʼintérêt à mes propres affaires que je nʼen ai pris aux vôtres. - Sans doute deux ou trois ans dʼéconomie répareront ce que Vous perdrez là; mais une gêne dʼargent dans un moment où Vous avez peut-être dʼautres genres dʼembarras, est une chose qui me serre le coeur - Il va sans dire, mon cher Schlegel, que si Vous avez besoin de fonds, tout ce dont je puis disposer est à Vos ordres jusquʼau moment où les affaires de Tottie & Compton seront définitivement arrangées - Il va sans dire aussi que si Vous éprouviez dʼautres revers de fortune Vous reviendriez toujours chez nous comme lʼenfant prodigue et que nous tuerions le veau gros. Mais tout cela nʼempêche pas que je ne sois beaucoup plus triste que Vous ne le serez. [7] Du reste je crois quʼil convient que Vous écriviez à Tottie & Compton que sans doute Vous ne voulez pas entraver leurs arrangemens par Votre seule volonté; mais que Votre établissement à Bonn Vous rend Vos fonds extrèmement nécessaires et que par conséquent Vous comptez que lʼon fera toutes les diligences possibles - Dites leur aussi, en tant que Vous le jugerez convenable quʼils continuent à Vous ecrire chez moi -
Adieu encore, mon cher Schlegel, jʼattends une lettre de Vous avec une bien triste impatience.
[8] [leer]
[1] Paris 27 Mars 1819
Vous trouverez, mon cher Schlegel, que je Vous paye en monnoie de singe; Vous me demandez de lʼargent et je Vous envoie des brochures de ma façon - Mais votre amitié dʼune part, et lʼimportance
de que ce qui se fait ici a pour lʼEurope entiere, me serviront dʼexcuse - Si Vous pensiez que mon petit écrit sur la Chambre des Députés pût avoir quelque intérêt dans les parties de lʼAllemagne où on sʼoccupe de constitutions je Vous serois bien obligé de le faire traduire. Quant à lʼautre il me paroit trop exclusivement destiné à la France -
Maintenant parlons dʼaffaires. Vous voulez que je Vous envoye 2,000
f; mais il est beaucoup plus simple que Vous tiriez cette somme sur I. Aubernon Agent de Change Rue de Provence N° 56. Il est plus facile de placer à Bonn du papier sur Paris que de trouver ici du papier sur Bonn. [2] Aubernon a de lʼargent à Vous - Jʼai trouvé que dans les crises quʼa éprouvées dernierement le commerce de Londres il étoit imprudent de laisser tout Votre argent chez Tottie & Compton; et dʼaprès Votre autorisation jʼai tiré sur eux £ 600 dont Aubernon Vous payera lʼintérêt à 5% comme faisoient les autres - Jʼespere que Vous mʼapprouverez.
Je nʼai aucune nouvelle de
Baldwin relativement à Vos livres; mais comme je leur avois laissé le choix, suivant ce qui seroit le plus économique, ou de me les envoyer ou de Vous les faire passer directement à Bonn, je suppose quʼils auront pris le dernier parti.
Je Vais Vous expédier dʼici à deux jours une caisse contenant les livres que Vous avez laissés
ici, ceux que jʼai pu obtenir de Delaunay et enfin les diverses galanteries que Vous desirez. [3] Je joindrai à la caisse un petit paquet que Humboldt mʼa remis pour Vous et un nouveau poëme que Le Mercier Vous envoye: la Panhypocrisiade plus extravagant que rien de ce quʼil a fait jusquʼici.
Jʼespere y joindre aussi un exemplaire de
Sir Wm Jones meilleur marché que le prix dont Vous me parlez.
28 Mars.
Jʼai interrompu ma lettre hier, mon cher Schlegel, et je la reprends aujourdhui avec une tristesse plus vive que je ne puis Vous dire. - Il vient de mʼarriver une lettre de
Londres à Votre adresse: je lʼai ouverte dʼaprès Votre autorisation et jʼy trouve la nouvelle que les Tottie & Compton ont suspendu leurs payemens. - Je Vous envoye cette malheureuse lettre et le bilan qui lʼaccompagne; je ne garde que les [4] résolutions du comité des créanciers, par ce que ce papier me sera plus utile quʼà Vous - Je ne saurois Vous dire, mon cher ami, à quel point je suis navré de cette déplorable faillite, et combien jʼinterroge ma conscience pour savoir si jʼai à me reprocher une négligence quelconque. - Il nʼy a pas six semaines que jʼavois pris des informations sur la solidité de cette maison et que lʼon mʼavoit répondu anonimement que sans doute elle nʼétoit pas fort riche, mais très-honnête et très-sûre - Toutefois une sorte de pressentiment mʼa engagé à retirer une partie de Votre argent; mais ce bête de pressentiment est venu trop tard: cʼest le 22 que jʼai tiré sur Londres et cʼest du 23 quʼest datée la lettre qui accompagne la circulaire que je Vous envoye, de telle sorte que ma lettre de change aura été protestée; mais ce nʼest là [5] quʼun bien petit inconvénient à coté de ce qui Vous concerne et ce dont jʼai le coeur amèrement serré -
Vous voyez du reste quelle est la situation. Le passif est de
£ 39200; lʼactif de 30,400, ainsi la faillite nʼest pas tout à fait du quart - Jʼai écrit à lʼinstant à Messrs Cazenove de suivre vos intérêts et de me tenir informé de ce qui se passe: il paroit que les Tottie & Compton sont du moins de parfaitement bonne foi. Lʼenvoi dʼun bilan dès les premiers jours de la suspension des payemens semble le prouver; mais quʼimporte sʼil faut en résultat se soumettre à une perte de 25%. - Je Vous le répète encore, mon cher Schlegel, je suis bien convaincu que cette malheureuse nouvelle Vous attristera moins quʼelle ne me désole - et pourtant je puis me rendre témoignage [6] que jʼaurois mis moins dʼintérêt à mes propres affaires que je nʼen ai pris aux vôtres. - Sans doute deux ou trois ans dʼéconomie répareront ce que Vous perdrez là; mais une gêne dʼargent dans un moment où Vous avez peut-être dʼautres genres dʼembarras, est une chose qui me serre le coeur - Il va sans dire, mon cher Schlegel, que si Vous avez besoin de fonds, tout ce dont je puis disposer est à Vos ordres jusquʼau moment où les affaires de Tottie & Compton seront définitivement arrangées - Il va sans dire aussi que si Vous éprouviez dʼautres revers de fortune Vous reviendriez toujours chez nous comme lʼenfant prodigue et que nous tuerions le veau gros. Mais tout cela nʼempêche pas que je ne sois beaucoup plus triste que Vous ne le serez. [7] Du reste je crois quʼil convient que Vous écriviez à Tottie & Compton que sans doute Vous ne voulez pas entraver leurs arrangemens par Votre seule volonté; mais que Votre établissement à Bonn Vous rend Vos fonds extrèmement nécessaires et que par conséquent Vous comptez que lʼon fera toutes les diligences possibles - Dites leur aussi, en tant que Vous le jugerez convenable quʼils continuent à Vous ecrire chez moi -
Adieu encore, mon cher Schlegel, jʼattends une lettre de Vous avec une bien triste impatience.
[8] [leer]
×