Cʼest à la veille de quitter Londres que je reçois Votre lettre du 14, mon cher Schlegel - Cʼest du fond de mon coeur que je partage Vos regrets. Que de choses nous rappellent chaque jour que nous sommes étrangers et voyageurs sur la terre et quʼil est difficile pourtant de se conduire en citoyens des cieux - Certainement de toutes les distractions humaines la plus noble est celle que Vous avez choisie: Lʼétude désintéressée est à lʼintelligence ce que la vertu est à lʼâme. Je Vous admire et je Vous envie. Que ne puis-je substituer la véritable énergie de lʼesprit à cette activité semi physique qui me fait courir en ne recueillant çà et là que des bribes dʼinstruction -
Je pars incessament pour Paris et jʼy tiendrai immédiatement 3000f à Votre disposition - Vous pouvez donc tirer aussitôt que Vous voudrez sur Mr Cotteret [2] Notaire rue St Hororé n° 337. Il acquittera Votre traité à vue -
Je ne feroi que toucher barres à Paris. M. le Duc dʼOrléans et la plus grande partie de sa famille viennent nous voir à Coppet le 15 Juillet. Il faut y être pour les recevoir. Vous savez que ma soeur passe toute lʼautomne à Coppet où elle compte faire ses couches. Ne viendrez-Vous donc pas nous voir - Adieu: pardon de Vous écrire en courant. Laissez moi Vous dire encore combien le malheur que Vous venez dʼéprouver me fait sentir vivement mon amitié pour Vous.
[1] tiré sur Mr Cotteret le 10 Juillet 3000 fr.