Monsieur
J’ai retrouvé mon manuscrit sur mon bureau, j’ai appris que Vous aviez eu la bonté, de le rapporter Vous même, et j’ai d’autant plus regretté d’avoir manqué l’honneur de Votre visite, que je n’étois point sorti, et que le portier auroit dû m’avertir dans l’appartement de Mr. de Broglie. Depuis j’ai été plusieurs fois été à la Bibliothèque de l’Institut dans l’espérance de Vous y rencontrer; je suis faché d’apprendre que Vous étes retenu chez Vous par une cause aussi désagréable. Je demanderois la permission d’aller Vous voir à Passy, si je ne craignois pas de Vous importuner dans Votre retraite savante. En tout cas je ne voudrois pas livrer mon essai à l’impression, sans avoir entendu Votre avis. Je n’ai pas encore eu le temps de rediger les notes.
Je serois bien curieux de voir le manuscrit du poème sur Boèce, afin de pouvoir parler de la date qu’il faut lui assigner d’après ma propre inspection. J’aurois une foule de questions à Vous faire; Votre entretien, Monsieur, est toujours pour moi une source d’instruction: mais votre temps est trop précieux pour que j’ose souvent prétendre à cet avantage.
Veuillez agréer, Monsieur, l’hommage de ma considération la plus distinguée.
V. tr. h. & tr. obt serviteur
AW de Schlegel
[2] A Monsieur
Monsieur Raynouard
secrétaire de l’Academie françoise
à
Passy