Puisque vous ne voulez pas venir trouver l’écritoire, mon cher et ancien ami, il faudra bien que l’ecritoire vienne vous trouver. Il ou elle, car je crois que sur ce point l’Academie hésite, est effectivement à Broglie, très bien soigné et en très bon état. Je vais écrire pour qu’on l’emballe avec précaution et qu’on l’envoie à Paris; mandez moi où vous desirez qu’on vous l’adresse, je veux dire pour quelle voie, si vous en avez une de préférence. Faut-il simplement mettre le paquet à la diligence pour Bonn?
Je vois avec regret que vous ne vous souciez plus de vos amis, et que vous preferez [2] votre solitude studieuse à toute autre chose; cela n’est pas bien, et si j’étais aussi libre de mon temps que vous, j’irais vous relancer à Bonn, et vous amener pieds et poings liés à tous ceux qui vous regrettent et qui desirent vous revoir. Mais nos éternelles sessions me prennent huit mois de l’année, et à prier si j’ai le temps dans les quatre qui me restent de vaquer à d’ennuyeuses affaires. Albert se porte bien; il est en Espagne, d’où j’espere qu’il reviendra cet hyver; ma fille a fait avec son mari un voyage en Grece d’où elle n’est pas encore revenue; les dernieres nouvelles que j’en ai sont de Constantinople; elles etaient bonnes et j’espere bientôt la revoir. Je ne savais pas que les fantaisies dramatiques eussent été jusqu’à vos oreilles Cela n’en valait pas la peine; vous avez vu d’autres merveilles en ce genre.
[3] Nous sommes ici dans un très petit cercle, Mde de Staël, M. Doudan, Paul et moi; les deux premiers se rappellent à votre souvenir; Paul ne vous connait pas et j’en suis bien fâché; faites donc un effort sur vous même, et ne nous renoncez pas tout à fait.
Adieu; tout à vous; votre bien affectionné
V. Broglie
Voulez vous, à la fin de l’année, au lieu de tirer sur M. Delessert, pour la somme qui vous sera due, tirer sur M. Flury-hérard banquier à Paris, rue St honoré no 371. Cela épargnera un circuit et des frais.
[4] [leer]